Le MSP réitère, par la voix de son président, ses revendications. Levée de l'état d'urgence et élargissement de l'Alliance présidentielle à un partenariat politique. «Seul le courant islamiste peut mobiliser les Algériens.» C'est ce qu'a affirmé, samedi soir, le président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), Bouguerra Soltani, au Forum de l'Entv. Ainsi, M.Soltani a plaidé pour le retour des leaders de l'ex-FIS (Front islamique du salut, dissous) à la pratique politique. Seule condition, selon lui, pour dépasser la violence. A en croire le président du MSP, c'est le moment ou jamais d'admettre ce retour. «Aucun Algérien ne veut revenir aux années noires du terrorisme et de la violence», a-t-il argué. Et les terroristes qui écument encore les maquis? Sont-ils concernés par ce constat? M.Soltani est resté muet sur cet aspect de la question. Battant en brèche les craintes des observateurs quant au retour de la violence dans la société algérienne, l'invité de la Télévision s'est plutôt évertué à les relativiser mettant en exergue les qualités, selon lui, des islamistes. «Les gens seront surpris par la capacité de mobilisation et de sensibilisation des islamistes», a-t-il expliqué. Qu'entend par là le chef du MSP? Un partage des tâches avec ses partenaires de l'Alliance présidentielle, le FLN et le RND? D'aucuns de se demander de quel apport est la présence du MSP au sein de l'Alliance, et ce que cette dernière a pu apporter au mouvement islamiste, d'autant que celui-ci n'a pas réellement pesé dans les décisions de ses deux partenaires qui agissent en mastodonte. De fait, aucune des demandes ou propositions du MSP, comme celles concernant la levée de l'Etat d'urgence - en vigueur depuis 1992 - l'élargissement de l'Alliance présidentielle à un partenariat politique (qu'il a d'ailleurs réitéré samedi) n'ont eu l'écho escompté par les partisans de M.Soltani. Rappelant le contexte dans lequel a été construite cette alliance, M.Soltani a indiqué qu'il n'y avait pas de rente ou d'intérêt personnel à tirer de cette union autre que celui de l'intérêt du pays et de sa stabilité. «Notre objectif en nous alliant autour d'un seul programme est de servir et renforcer notre Etat et d'édifier une base pour la stabilité dont a besoin le pays», a-t-il expliqué. Pour lui, cette alliance a produit une nouvelle dynamique qui vise à mettre en place un projet de société. Une Alliance, qui s'explique également, selon lui, par le fait que le président de la République ne doit pas être le représentant d'une chapelle politique. (Lors de ses deux candidatures de 1999 et de 2004, M.Bouteflika s'est présenté en tant que candidat indépendant). Aussi étonnant que cela puisse paraître, le patron du MSP a usé de cette expression qui a laissé perplexes l'assistance et les téléspectateurs. «Nous sommes laïques, nationalistes, démocrates, et islamistes au service du pays», a-t-il déclaré. Invité à dire ce qu'il pense d'une éventuelle révision en profondeur de la Constitution, après le lifting du 12 novembre 2008, M.Soltani a estimé qu'un amendement partiel appelle nécessairement à une révision plus profonde. «Si le Président voit qu'un changement profond de la Constitution est nécessaire, nous ne contesterons pas ce fait», a-t-il affirmé, laissant entendre que le MSP cautionnera tous les projets (à venir) du Président. Pour le spectre de l'abstention qui entoure le scrutin du 9 avril, M.Soltani s'est dit confiant que le peuple algérien se présentera massivement aux urnes le jour J. «Nos visites dans certaines wilayas du pays nous ont permis de remarquer un engouement du peuple pour l'élection et pour la campagne électorale», a-t-il ainsi affirmé. S'en prenant aux partisans du boycott, l'invité de la Télévision a souligné que l'abstention est le fait de certains hommes politiques, médias et de certaines élites de la société. Le MSP compte ainsi actionner toutes ses machines pour mobiliser l'électorat et d'indiquer: «Notre parti participera à la dynamisation de la scène politique à travers la mobilisation et la sensibilisation au vote et cela à travers toutes les wilayas où le MSP est en charge d'animer la campagne électorale de Bouteflika.» Au plan interne, M.Soltani a nié l'existence d'une guerre de leadership qui l'opposerait à Abdelmadjid Menasra au sein de sa formation. «On diverge à propos d'idées et de projets et cela n'a jamais été une guerre pour la direction du parti», a-t-il expliqué.