La crise financière mondiale ne manque pas d'opposer les analyses des experts aux commentaires des politiques. Le Parti des travailleurs (PT) a brillé, hier, par sa sortie au siège de l'Assemblée populaire nationale (APN) lors d'une conférence sur la crise financière mondiale. Invité pour donner une conférence sur «l'effondrement des marchés financiers mondiaux et leur impact possible sur l'économie de l'Algérie et ses finances», le professeur, expert et consultant international, M.Abdel Attou, s'est trouvé, à la fin de son exposé, envahi par les questions et commentaires politiques des représentants du Parti des travailleurs. La première responsable du parti, Mme Louisa Hanoune, a tenté, dans son intervention au cours du débat, de politiser cette crise en remettant en cause plusieurs points évoqués par le conférencier. Elle a surtout voulu assimiler la crise financière qui ne manque pas de toucher l'Algérie à la politique économique du pays. Elle s'en est même pris au ministre de l'Industrie Abdelhamid Temmar, en relevant des contradictions dans ses discours passés. Pour ce faire, elle a sorti son discours «socialiste» et anticapitaliste pour contrer les thèses de l'expert qui défendait le système capitaliste en y apportant certaines critiques. Elle a évoqué les multinationales, la privatisation, l'armement, etc. En réponse à la plaidoirie de Louisa Hanoune, M.Abdel Attou a rétorqué: «Je ne suis pas politique; je suis venu pour parler de la crise financière et ses effets.» Concernant l'effet de la crise sur l'Algérie, le conférencier a assuré Mme Hanoune que «si les gens pensent que nous ne sommes pas affectés par la crise, c'est du rêve, car on est bel et bien touché», a-t-il affirmé. Partageant la vision de Mme Hanoune, le conférencier a souligné la nécessité de protéger les intérêts de l'Algérie. A souligner que ce n'est pas la première fois que le Parti des travailleurs tente de se faire entendre à l'occasion d'une rencontre consacrée à la crise financière. Lors d'une journée parlementaire organisée le 17 janvier dernier par l'APN à la résidence El Mithaq à Alger, la secrétaire générale du PT a utilisé la même manière. Dans son intervention, elle a essayé de passer le message de son parti. Dénonciation de la privatisation, des fermetures des entreprises, etc. Pour sa part, Ramdane Taâzibt, député PT, a tenté, en intervenant, de retracer, d'un point de vue politique, les désastres qu'a engendrés la crise pour l'humanité en appelant, dans des termes peu voilés, le retour au socialisme. «Toutes les solutions improvisées n'ont rien donné», a-t-il souligné en mettant en avant la crise du système capitaliste et la faillite des réformes suggérées. A ce discours politisant, l'expert en économie a opposé un exposé technique qui tient des relations économiques. «Je ne suis pas un idéologue mais je ne suis pas d'accord avec vous. S'isoler du système international n'est pas une solution. Il faut se demander plutôt comment réformer le capitalisme», a-t-il martelé. Sur sa lancée, le conférencier a précisé qu'il est pour «une économie de marché régulée et contrôlée». «Il faut également être compétent et savoir comment jouer ses cartes et être meilleur», a-t-il encore suggéré. A un autre membre du Parti des travailleurs qui estime que le secteur agricole peut épargner à l'Algérie les effets de la crise, le conférencier s'est contenté de cette réponse: «Oui vous avez raison.» Et d'ajouter: «L'agriculture, c'est important mais comment?». Expliquant les raisons qui ont fait que l'Algérie n'est pas considérablement touchée par le «tsunami», M.Attou a avancé l'argument des prix du pétrole qui ont flambé durant plus d'une année en atteignant des records. Ainsi, pour lui, les fonds souverains glorifiés à chaque fois par les responsables ne sont pas pour beaucoup dans cette histoire. Il est prioritaire, selon sa vision, de penser dès à présent, comment gérer cet argent et «qu'est-ce qu'on va faire avec ces fonds», car, a-t-il expliqué, ces fonds sont des fonds risqués. «On peut faire beaucoup de choses tant au niveau national qu'international», a-t-il indiqué. Comment? L'Algérie doit se repositionner sur l'échelon local et mondial. Il faut se faire entendre en tapant fort, mais il faut également avoir une vision à long terme des choses, a-t-il répondu.