En juillet 2007, le chef de l'Etat français a maladroitement fait ressurgir les fantômes de l'île de Gorée, haut lieu de la déportation des esclaves au Sénégal. La 4e édition de la Semaine anticoloniale s'ouvre au-jourd'hui à Paris. Elle durera dix jours, juste le temps d'exhumer l'histoire et de jeter à la face de la France son passé. Des centaines de milliers de victimes, déportées, torturées, brulées vives au napalm. Spoliées de leurs terres, les populations condamnées à l'exode, par une prise de conscience objective, ont pris les armes pour se libérer des chaînes de l'impérialisme français. Mettre en déroute la 4e puissance militaire de la planète. La 4e édition de la Semaine anticoloniale prendra fin le 24 février. Le lendemain du 4e anniversaire du vote de la loi du 23 février 2005. Cette loi de la honte mais aussi du mépris qui glorifie la présence et l'action de la France en Afrique en général et en Algérie en particulier. Cette Afrique que le président de la République française est allé regarder les yeux dans les yeux un jour de juillet 2007 pour lui dire: «Le colonisateur est venu, il a pris, il s'est servi...il a pris mais il a aussi donné. Il a construit des ponts, des routes, des hôpitaux, des dispensaires, des écoles. Il a rendu fécondes des terres vierges, il a donné sa peine, son travail, son savoir...». Nicolas Sarkozy tenait ces propos à l'occasion d'un discours qu'il avait prononcé le 26 juillet 2007 à l'université de Dakar, à peine à quelque trois kilomètres de l'île de Gorée, point de départ de la plus grande déportation d'êtres humains. 350 ans de traite négrière et de pratique de l'esclavage allaient marquer l'histoire inhumaine de l'humanité. L'île de Gorée allait la subir. En ce jour de juillet 2007, Nicolas Sarkozy, très maladroitement, a fait ressurgir les fantômes qui n'ont jamais cessé d'habiter ce haut lieu de la mémoire d'Afrique. Une plaie béante. Des cris de douleurs, des souffrances sont parvenus et ont résonné dans l'enceinte de l'université de Dakar. Sarkozy les a-t-il entendus? S'il évoque avec une part d'émotion ce triste épisode de l'humanité, le chef de l'Etat français en rejette l'héritage. Il n'assumera pas ni ne reconnaîtra des fautes commises par d'autres. «Nul ne peut demander aux générations d'aujourd'hui d'expier ce crime perpétré par les générations passées. Nul ne peut demander aux fils de se repentir des fautes de leurs pères», a tenu à souligner le président de la République française devant un parterre de personnalités africaines choquées et sonnées. La position de la France incarnée par Sarkozy pourrait faire tache d'huile. Les générations futures de juifs, aussi, ne demanderont certainement pas pardon aux Palestiniens pour les crimes commis par leurs pères lors des massacres de la bande de Ghaza, de Sabra et Chatila...«Jeunes d'Afrique, je ne suis pas venu vous parler de repentance», a asséné le chef de l'Etat français à une assistance médusée. De quoi est-il venu parler alors? De la réalité de l'Afrique, nous dit-il. «Celle d'un grand continent qui a tout pour réussir et qui ne réussit pas parce qu'il n'arrive pas à se libérer de ses mythes.» C'est à Dakar que la glorification de l'action de la France coloniale a pris toute sa dimension. La loi du 23 février 2005 ne pouvait trouver meilleur défenseur en la personne de Sarkozy. En Algérie, la Semaine anticoloniale dans le sillage de la commémoration des essais nucléaires français de Reggane, vient rappeler les atrocités commises par l'armée française durant la période coloniale. «Nous devons exiger de la France qu'elle demande pardon...», a déclaré Abdelaziz Belkhadem à cette occasion. Sarkozy lors de son dernier voyage à Alger, a reconnu qu'il y a eu des atrocités...de part et d'autre. Il ne présentera pas les excuses de la France.