La question commence à faire florès dans les salons feutrés de l'Algérois. Longtemps confinées dans des secrétariats d'Etat ou des ministères de deuxième catégorie, essentiellement les ministères de la Solidarité, de la Jeunesse et des Sports ou encore des Affaires sociales, les femmes ministres se comptent sur les doigts d'une seule main. La première à avoir ouvert la voie aux femmes dans le gouvernement demeure Zhor Ounissi, qui a occupé plusieurs postes dans différents gouvernements dans les années 80. Elle fut notamment désignée secrétaire d'Etat chargée des Affaires sociales dans le gouvernement Abdelghani en 1982, puis ministre des Affaires sociales en 84 dans le gouvernement d'Abdelhamid Brahimi, et ministre de l'Education nationale en 1986. Autres femmes qui lui ont emboîté le pas, Mme Leïla Taleb, qui a occupé le poste de vice-ministre chargée de l'Enseignement secondaire auprès de l'Education nationale, Leïla Aslaoui, ministre de la Jeunesse et des Sports (1990), Zahia Mentouri, ministre de la Santé et des Affaires sociales (1994) Meriem Belmihoub Zerdani, ministre conseillère chargée des Affaires juridiques et administratives (1992), Aïcha Henia Semichi, nommée secrétaire d'Etat auprès du Chef du gouvernement chargée de la solidarité nationale et de la famille. Certaines femmes désignées ont émis le voeu de s'occuper des dossiers relatifs aux problèmes sociaux de la société algérienne, c'est le cas de Saïda Benhabylès, qui a occupé le poste de ministre chargée de la Solidarité nationale en 1992, tout comme son amie Rabéa Mechernène en 1995 dans le gouvernement Sifi. Très dévouées à leur gouvernement, elles n'ont jamais critiqué une décision ou contesté les politiques initiées par le Chef de gouvernement. L'une d'elles, Leïla Aslaoui s'est pourtant illustrée en démissionnant le 19 septembre 1994 de son poste de secrétaire d'Etat chargée de la Solidarité nationale dans le gouvernement Sifi et ce, pour exprimer son refus de tout dialogue avec les islamistes. Après une bonne participation au pouvoir, Leïla Aslaoui et Saïda Benhabylès ont été écartées de la scène politique après le changement de la moitié de la composante du tiers présidentiel du Conseil de la nation. Par la suite, des femmes ont été désignées à des postes de secrétariat d'Etat, considérés comme des sous-ministères, et ce, dans le but de maintenir l'illusion. C'est le cas notamment, de Zahia Benarous, l'ancienne vedette du JT de 20 heures, qui, après avoir été élue députée RND à Alger en 97, a rejoint son collègue Hamraoui Habib Chawki, au Palais de la culture de Kouba, dans un poste créé spécialement pour elle, celui de secrétaire d'Etat à la culture. Après un bilan plutôt mitigé, l'idée de faire participer les femmes à un gouvernement fut momentanément écartée par les décideurs, préférant leur confier des postes en retrait de la scène politique. Depuis l'arrivée de Benflis au gouvernement en 2000, aucune femme n'a fait partie de l'Exécutif. Au moment où en Europe et même dans des pays musulmans des femmes occupent le devant de la scène politique et sociale, l'Algérie fait un bond en arrière. Pourtant le chef de l'Etat a procédé à la nomination d'un nombre considérable de femmes à des postes importants dans divers circuits décisionnels de l'Etat. Mais la forte participation des femmes aux législatives qui a vu leurs sièges passer de 13 à 25, conforte l'idée de leur participation au prochain gouvernement. Plusieurs noms sont avancés par les observateurs. On parle avec insistance de Khalida Messaoudi, écartée par Saïd Sadi du gouvernement Benbitour au profit de Amara Benyounès et Hamid Lounaouci. Il n'est pas exclu qu'elle prenne en charge le département de l'Education, un domaine qui lui tient particulièrement à coeur. Des femmes députées pourraient aussi être proposées à des postes de secrétaire d'Etat. Et là on cite avec une certaine réserve, le nom de l'élue du RND à Alger, Mme Fatma-Zohra Flici, qui pourrait occuper un poste relatif à la gestion du dossier des victimes du terrorisme. On avance aussi le nom de Mme Barki, présidente de la puissante association Iqra qui avait toujours affiché ses ambitions ministérielles. Ou de Mme Anissa Benameur, ancienne ex-sénatrice et ex-présidente de la commission chargée des affaires sociales et de la santé au Conseil de la nation sous le mandat de Boumaza. On évoque aussi Zohra Drif, héroïne de la bataille d'Alger avocate de formation et épouse de Rabah Bitat, elle est désignée dans le nouveau tiers présidentiel et présentée comme une femme ministrable. Pas un nom, en revanche, n'est avancé concernant les candidats que pourrait proposer le FLN. Malgré ses petits pas, l'Algérie demeure encore loin des nouvelles traditions démocratiques initiées par les pays arabes où encore en Europe où une femme peut même être nommée au poste sensible de ministre de la Défense nationale.