Il a tous les atouts en main pour régler définitivement cette question. La situation en Kabylie ne cesse de se dégrader. Elle a atteint un nouveau pic de tension à l'occasion des législatives boycottées par la région, et pourtant validées par le Conseil constitutionnel. Un bras de fer sans précédent s'était engagé entre les citoyens soutenus par les élus locaux et les représentants de l'administration. La fracture, sans être consommée pour autant, menace dangereusement d'amener l'irréparable. C'est dans ce climat délétère qu'est intervenue l'élection du FLN avec une majorité absolue. Une élection venue donner un poids nouveau au Chef du gouvernement, mais aussi effacer l'échec, plus ou moins consommé, d'un précédent round de négociations entre Benflis et des représentants du mouvement citoyen. Trop d'interférences et de contrepoids handicapaient les manoeuvres du Chef du gouvernement, notamment la donne islamiste qu'il fallait ne pas perdre de vue, et les trop nombreux faux pas commis par le ministre de l'Intérieur. Désormais, Benflis jouit d'une liberté de mouvement sans précédent. Un premier geste de bonne volonté vient d'être adressé en direction de la Kabylie avec la nomination de Karim Younès, natif de Béjaïa, à la tête de l'APN, une première nationale. Benflis n'aura plus de comptes à rendre à personne, sauf au Président de la République, dans la manière dont il compte venir à bout de cette question qui continue d'envenimer la vie politique et institutionnelle algérienne. Ce n'est donc pas un hasard si de plus en plus de voix se sont élevées pour dire que Benflis est désormais l'homme de la situation. La dernière en date est celle du président de l'ancienne Commission nationale d'enquête sur les événements de Kabylie. Connu pour être en contact assez régulier avec les animateurs du mouvement citoyen, Mohand Issad a affirmé que «Benflis jouit d'une liberté de mouvement sans précédent, qui fait de lui l'homme de la situation pour un règlement définitif de la crise qui secoue la Kabylie». Des indiscrétions qu'il nous a été impossible de confirmer indiquent même que les contacts préliminaires auraient déjà commencé. L'on croit savoir qu'un terrain d'entente pourrait être trouvé dans un avenir assez proche du moment que même les délégués, dits radicaux, ne se sont pas montrés foncièrement hostiles à un dialogue franc avec un homme qui a déjà eu à prouver sa bonne foi par le passé et qui n'attendait que l'heure propice pour mettre en application ses propres visions dans le règlement de cette problématique.