L'annonce par le président de la République Nicolas Sarkozy d'un rendez-vous jeudi avec les élus de tous les départements d'Outre-mer n'a en rien entamé la détermination des manifestants. Des désordres persistaient lundi soir dans plusieurs communes de Guadeloupe, avec des barrages spontanés sur les routes, après une journée de tension croissante dans cette île des Antilles françaises, paralysée depuis 27 jours par une grève générale. Sourds à la demande de «trêve» du secrétaire d'Etat à l'Outre-mer Yves Jégo, ou l'appel «au sang-froid» du président (Parti socialiste) de région Victorin Lurel, manifestants et grévistes ont multiplié les escarmouches. L'annonce par le président de la République Nicolas Sarkozy d'un rendez-vous demain avec les élus de tous les départements d'Outre-mer -première initiative directe du chef de l'Etat français dans la crise antillaise- n'a en rien entamé la détermination des manifestants. Des barrages tenus par des groupes de jeunes, le visage parfois masqué par des foulards, ont été signalés lundi soir en plusieurs points de la périphérie de Pointe-à-Pitre, selon diverses sources. Lundi aux environs de 22h00 (03h00 hier à Alger), une voiture a été incendiée par les manifestants et celle du procureur de la République caillassée. Les forces de l'ordre présentes ont fait usage de grenades lacrymogènes et détonantes, selon des journalistes sur place. Charlie Lendo, adjoint du leader du collectif de grève LKP Elie Domota, a ainsi assuré à la presse que faute de «satisfaction sur nos revendications, la mobilisation ira s'amplifiant». La matinée avait été marquée par l'érection de barrages à des points stratégiques, puis leur démantèlement par les forces de l'ordre qui ont procédé à une cinquantaine d'interpellations. Ces barrages empêchaient à nouveau la circulation alors que la réouverture de stations-services le week-end avait mis fin à la pénurie d'essence sévissant depuis des jours. Le Premier ministre français, François Fillon a jugé que les barrages ne constituaient pas des «moyens légaux» d'expression. A Paris, treize mouvements de gauche ont défilé en solidarité avec les Antilles. Par ailleurs, un «Comité pour la sauvegarde des libertés» guadeloupéen a appelé à une manifestation silencieuse hier à Pointe-à-Pitre contre la paralysie de l'île en raison de la grève. Parmi les signataires, Nicolas Vion, président de la fédération des professionnels de l'hôtellerie, a souhaité que cette manifestation se passe «dans le calme», tout en regrettant les «exactions» qui ont marqué la journée de lundi. Dans la Martinique voisine en grève depuis 11 jours, la situation semblait également bloquée. De 8000 (préfecture) à 15.000 (organisateurs) personnes ont manifesté à Fort-de-France. A quelque 7000km de Paris, ces îles, où les Français aiment passer leurs vacances accumulent les problèmes sociaux, en dépit de transferts financiers massifs. Le taux de chômage est d'environ 22% à la fois pour la Guadeloupe (450.000 habitants) et la Martinique (environ 400.000 habitants). Le Produit intérieur brut (PIB) par habitant ne représente que 60% environ de la moyenne française. Au nom de la continuité territoriale, l'Etat subventionne les transports entre les Antilles et la métropole. On y trouve les mêmes services publics qu'en France métropolitaine, les mêmes chaînes de supermarchés proposant des produits identiques, mais beaucoup plus chers. La France possède des départements d'outre-mer, dont font partie ces deux îles, et d'autres territoires dans le Pacifique et l'Océan indien. Au total 2,3 millions d'habitants y vivent.