Statu quo n La situation en Guadeloupe, après un mois de grève générale et trois nuits mouvementées causant la mort d'un syndicaliste tué, hier, par balle lors des émeutes, demeure tendue. La tension est montée d'un cran et la violence s'étend à d'autres communes. Durant la nuit de mercredi à jeudi, les forces de l'ordre ont essuyé des tirs. A Pointe-à-Pitre, principale ville de l'île, quatre personnes ont été interpellées, un magasin et un véhicule incendiés. A Petit-Bourg (Basse-Terre), un automobiliste a été braqué et un commerce a été saccagé à Sainte-Rose. Les deux nuits précédentes avaient déjà été marquées par des violences et la mort d'un syndicaliste par balle. Cependant, la grève générale qui paralyse les Antilles françaises depuis des semaines a mis en évidence les clivages sociaux et raciaux issus du colonialisme dans ces îles paradisiaques et les difficultés à développer leur économie. Toutefois, en l'absence d'une réponse aux grévistes réclamant 200 euros d'augmentation pour les bas salaires, le gouvernement français préfère la répression. La ministre de l'Intérieur et de l'Outre-Mer, Michèle Alliot-Marie, a annoncé l'envoi en Guadeloupe de quatre escadrons de gendarmes mobiles, soit 280 militaires. Ces derniers s'ajoutent aux milliers de gendarmes et policiers déjà sur place. Une décision qui démontre la gravité de la situation et le désarroi du gouvernement français face à la crise qui secoue les territoires d'outre-mer. Le Président Nicolas Sarkozy, devant recevoir aujourd'hui une délégation des élus d'outre-mer, a évoqué pour la première fois à la télévision «la désespérance des Guadeloupéens». Le Premier ministre français, François Fillon, a qualifié ce matin la mort du syndicaliste tué par balle en Guadeloupe, d'un «crime commis par des délinquants». «La balle retrouvée est une balle qui sert à chasser les sangliers. C'était un lieu où il n'y avait pas de forces de l'ordre. L'enquête dira les choses, mais les forces de l'ordre ne sont pas du tout impliquées dans cette opération», a déclaré M. Fillon sur la radio RTL. Le procureur de Pointe-à-Pitre a souligné que les trois projectiles de chasse tirés contre le véhicule de la victime n'étaient pas «des balles perdues». Le leader du LKP, Elie Domota, qui avait lancé un appel au calme renouvelé dans la journée, a aussi émis des doutes sur la version officielle. «On demande à la justice de mener une enquête approfondie pour réellement définir ce qui s'est passé parce que les circonstances sont encore troubles», a-t-il affirmé.