«Ce n'est pas aux xénophobes de fixer notre calendrier.» C'est dans l'urgence que les ministres des Quinze, réunis jeudi dernier à Luxembourg, ont bouclé le plan contre l'immigration illégale qui sera scellé dans une semaine par le Conseil européen, qui se tiendra à Séville, sous la présidence de José Maria Aznar. La montée de l'extrême droite en Europe semble provoquer un effet Le Pen pour que les Quinze abordent ce problème par le seul angle répressif. Ceci malgré l'instance du ministre suédois, Jan Karlsson, que «ce n'est pas aux xénophobes de fixer notre calendrier». La proposition anglo-espagnole consiste à instaurer des sanctions à l'encontre des pays d'émigration qui refusaient de collaborer à enrayer le départ de leurs ressortissants. C'est ainsi que Blair et Aznar veulent conditionner l'aide au développement. Cette proposition soutenue par le Danemark, n'a pas reçu l'aval de la France, de la Suède et de la plupart des pays européens. Le ministre français de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, devait déclarer «On ne peut pas sanctionner des pays en voie de développement uniquement parce que des malheureux n'ont aucun espoir de subsistance chez eux et veulent venir chez nous». Et selon le journal Libération, Romano Prodi, à la tête de la Commission européenne, a demandé, dans une lettre adressée aux Quinze, de «ne pas seulement s'attaquer à l'immigration illégale, mais aussi de réguler l'entrée des immigrants dont avons besoin et de relever ensemble les défis de leur intégration dans nos sociétés». L'autre plan adopté par les ministres de l'Intérieur des Quinze concerne la gestion des frontières extérieures de l'Union européenne, par la mise sur pied d'un corps européen de gardes-frontières.