Une décision à chaque fois reportée qui a tenu en haleine les militants. Maintenant le suspense jusqu'au bout, le Front des forces socialistes a décidé à l'issue d'un conseil national difficile, de reporter sa décision de participer ou de boycotter les élections. Le siège du FFS, situé sur les hauteurs d'Alger, a vécu ce week-end une ambiance particulière où plusieurs dizaines de militants du parti attendaient impatiemment les résultats du conseil national, qui débattait la position définitive du parti sur les prochaines législatives. Une décision à chaque fois reportée qui a tenu en haleine les militants, les acteurs politiques et même le pouvoir. Si la grande tendance au parti d'Aït Ahmed est à la participation au scrutin du 30 mai, il demeure que le dernier mot revient au conseil national considéré comme la seule instance habilitée à prendre les décisions politiques importantes du parti. Deux points essentiels étaient inscrits à l'ordre jour de ce conseil national extraordinaire: l'exposition du rapport de la commission politique au sujet de l'attitude à suivre si le parti choisissait d'aller aux législatives et surtout le point concernant la situation politique du pays. Il est clair que le débat au conseil national du FFS était concentré sur la question de la participation du parti aux prochaines élections et l'évolution de la situation en Kabylie notamment après la mort d'un manifestant de Chemini, survenue hier à l'hôpital de Tizi Ouzou. En effet, l'entrée du parti d'Aït Ahmed en lice est une donne importante pour le bon déroulement des prochaines élections surtout en Kabylie où le FFS possède toujours un électorat important et ce, malgré la pression des «ârchs». La coordination interwilayas, qui n'est pas encore entrée en «guerre psychologique ouverte» contre le FFS, malgré les critiques acerbes de Djeddaï, réserve probablement sa contre-offensive dès l'annonce de participation du parti aux législatives. Une bataille politique que le FFS est prêt à mener pour prouver au pouvoir qu'il est le seul interlocuteur de la population kabyle, mais aussi pour vaincre politiquement son rival politique de toujours, le RCD qui pilote certains courants radicaux des ârchs. Au conseil national du FFS, trois tendances veulent imposer leur démarche politique et influencer la décision finale du président du parti Hocine Aït Ahmed. Deux d'entre elles sont en perpétuel conflit. D'un côté, la tendance du groupe de Béjaïa de Djamel Zenati, qui prône le boycott pur et simple des législatives et qui ne veut pas cautionner une élection truquée d'avance, de l'autre la tendance de Djeddaï soutenue par les fédérations de Tizi et d'Alger. L'idéal pour le premier secrétaire du FFS est d'aller aux législatives et de profiter, comme en 97, de la tribune de l'Assemblée pour défendre les idées et le programme du parti et ce, en dépit d'une éventuelle fraude électorale. Une option politique que partagent de nombreux militants du FFS, qui n'admettent pas de voir leur parti disparaître de la scène politique «officielle» durant cinq ans. Une autre tendance a fait son apparition au conseil national et qui appelle au report des élections législatives. Un boycott qui ne dit pas son nom et qui n'a pas trouvé d'écho au sein des nombreux militants du parti qui étaient toujours en attente vendredi à 16h de la décision capitale du parti. Ce n'est qu'à 18h, à l'issue d'une réunion de crise particulièrement tendue, que le FFS a rendu publique une déclaration dans laquelle il affirme que le conseil national, tout en restant attaché au mémorandum de sortie de crise adressé aux décideurs le 12 mai 2001, a décidé d'approfondir l'analyse des tenants et aboutissants du scrutin prévu le 30 mai dans un contexte de peur, d'incertitudes et de passer en revue toutes les éventualités pour ne laisser dans l'ombre aucune des conséquences sur le présent et l'avenir du pays. A la lumière des travaux, le conseil national du FFS a donc décidé de reporter sa prise de décision à une date ultérieure, probablement jeudi prochain, comme nous le confiera une source proche du FFS et ce dans le but d'élargir la concertation aux militants et sympathisants. Quoi qu'il en soit le FFS aura jusqu'au 10 avril, date de la clôture des inscriptions sur les listes de candidatures pour les législatives, pour clarifier, une fois pour toutes, sa position.