La piste d'une mini-cellule islamiste est privilégiée par la police. Trois ou quatre islamistes seraient, selon l'enquête, les auteurs de cet acte terroriste non revendiqué, le premier qui vise des touristes étrangers depuis 2006, affirme le quotidien gouvernemental al-Ahram. Cette information, qui cadre avec l'avis des analystes, lesquels ne voient pas la main d'un vaste groupe terroriste, est publiée alors que trois suspects interpellés sur place n'ont été ni inculpés, ni relâchés. S'il est sûr que c'est l'explosion d'un engin artisanal qui a tué une adolescente de 17 ans, et blessé 24 personnes, dont 17 jeunes français, la version des enquêteurs ne concorde pas avec des témoignages de victimes. Munie d'une minuterie, la bombe artisanale de 1 à 1,5 kilo contenait des clous et des morceaux de métal et une matière explosive proche de celle utilisée par des feux d'artifice, selon les premiers éléments de l'enquête. Elle avait été placée sous un banc en marbre de la place de la mosquée al-Hussein, à l'orée du bazar, de même qu'un autre engin identique mis sous un autre banc, à 30 mètres de distance et que la police a pu désactiver, selon la même source. Des témoignages de jeunes Français à la police, indiquent des sources proches du groupe de touristes, ont fait état d'une première explosion, comme celle d'un très gros pétard, suivie de celle, beaucoup plus importante, qui a fait des victimes. Ils ont aussi affirmé que l'engin leur semblait avoir été projeté d'un immeuble, peut-être un petit hôtel, bordant l'esplanade très fréquentée par les touristes où a eu lieu l'attentat. «L'enquête le dira, mais il semble bien qu'il s'agit d'un acte primitif qui a ciblé un groupe de touristes étrangers plus que des Français en particulier», a affirmé Dhia Rachwan, un expert de l'islamisme radical. Pour Amr Choubaki, un autre chercheur du centre d'études stratégiques al-Ahram, «cet acte est révélateur d'un malaise social et politique mais paraît l'oeuvre d'un individu ou d'un groupe très isolé». Pour les autorités, qui ont resserré la surveillance des sites du Caire, de la vallée du Nil et de la mer Rouge, une nouvelle vague de terrorisme porterait gravement atteinte au tourisme, un secteur vital qui pèse pour 11% du PNB. Après une longue période de violences islamistes qui ont culminé avec le massacre d'une soixantaine de touristes à Louxor, en 1997, une nouvelle vague d'attentats terroristes s'est produite entre 2004 et 2006. Trois attaques meurtrières, faisant au total 120 morts, ont eu lieu dans les cités balnéaires de Taba, Charm el-Cheik et Dahab, et un attentat, également au Khan al-Khalili du Caire, a causé le décès de trois personnes. «Nous en sommes là, sur fond de frustration économique et sociale», dit M.Choubaki, pour qui les sites islamistes «peuvent ensemencer ce terreau fertile à la violence individuelle». Alors qu'un premier groupe de 55 jeunes touristes français étaient repartis dès lundi vers Paris, les douze derniers, blessés lors de l'attentat, ont été rapatriés, leur état ne présentant plus de gravité. D'autre part, des membres de la famille de la jeune Française décédée sont arrivés lundi soir au Caire, et le corps devrait être rapatrié dans la journée d'hier, selon une source aéroportuaire.