Le parti italien d'extrême droite, la Ligue du Nord, parti xénophobe guidé par le populaire Umberto Bossi, n'en est pas à sa première sortie spectaculaire, en matière de racisme. Mais cette fois, c'est un ministre du gouvernement de Silvio Berlusconi qui a justifié, devant ses homologues européens, au dernier Conseil des ministres du Luxembourg, le refus italien d'approuver la directive communautaire visant à définir des instruments juridiques pour combattre le racisme et la xénophobie dans l'Union européenne, par... le procès intenté contre Oriana Fallaci. Car, curieusement, ce n'est que maintenant qu'une association de musulmans a décidé de porter plainte contre Oriana Fallaci pour le caractère gravement offensif de son livre La force de la raison. En effet, une petite organisation de musulmans nouvellement convertis, guidée par un provocateur très médiatisé, a décidé d'attaquer cette journaliste et écrivaine italienne pour diffamation. Le procès a eu lieu le 12 juin au tribunal de Bergamo. Fallaci qui vit à New York depuis des années, où elle lutte contre le cancer et mène sa croisade fanatique et perfide contre les musulmans, a affirmé qu'elle ne comptait pas se présenter devant les juges, par « protestation ». Malgré cela, le garde des Sceaux italien, Roberto Castelli, qui n'a jamais caché son admiration pour « l'intellectuelle » de son pays, dira qu'« il y a nécessité de revoir les lois sur les délits d'opinion ». Le ministre de la Justice italien, repris par le quotidien Il Corriere della Sera, a affirmé : « J'ai illustré au Conseil des ministres européens l'impossibilité pour l'Italie de poursuivre sur la directive européenne contre le racisme suite au renvoi au jugement d'Oriana Fallaci pour xénophobie. » Inutile d'imaginer la réaction des autres ministres européens, qui s'étaient déjà accoutumés à l'opposition italienne à cette directive depuis 2003. Mais il faut dire que cette fois l'argument avancé a de quoi laisser médusé plus d'un. Il est vrai que le « livre » de Fallaci a été acheté par plus d'un million d'Italiens, que de grands journaux italiens lui accordent souvent des pages entières dans lesquelles elle « analyse » de son douillet bureau de Manhattan, et selon ses humeurs du jour, le monde, que de célèbres intellectuels et influents hommes politiques déclarent en public avoir « beaucoup d'admiration » pour celle qui se croit autorisée à vomir sa haine des musulmans et des Arabes, sans vergogne aucune et sans éprouver aucun sens du ridicule... Mais que ce soit le premier homme d'Italie à qui incombe la mission de faire respecter la loi, qui fait avorter le projet d'une loi contre la xénophobie en Europe, pour défendre l'islamophobe Fallaci, il y a de quoi perdre son latin... car non seulement il ôte toute crédibilité à la justice de son pays, mais en plus il exerce une lourde pression morale sur les juges qui devraient trancher l'affaire. D'ailleurs, les militants du parti de « Monsieur le ministre » ont déjà entamé une campagne d'intimidation contre les magistrats, qui ont enregistré la plainte de l'Union des musulmans d'Italie, en distribuant gratuitement des milliers de copies du « livre » de Fallaci, aux alentours du tribunal de Bergame où se trouve l'imprimerie du groupe éditorial Rizzoli qui a publié « l'œuvre ». Stimulé par une telle démonstration, Adel Smith, la partie civile, a distribué lui aussi quelques centaines de copies de son brûlot L'Islam castigue Oriana Fallaci.