«L'idéal politique serait de rendre possible ce qui est nécessaire», disait l'abbé Pierre. Une maxime qui échappe à nos candidats. Les imperfections dans les programmes des 11 candidats à l'élection présidentielle du 9 avril prochain sont légion. A part quelques généralités, aucun programme ne répond véritablement aux attentes des citoyens et du pays concernant son avenir immédiat, voire sur le long terme. Et pour cause, les grandes questions de l'heure, les grands débats qui font rage au niveau international, les grandes préoccupations d'ordre national n'y sont ou sont, pour les meilleurs d'entre eux, à peine évoqués. Ainsi, les grands dossiers sont superbement ignorés ou, pour le moins, peu abordés dans les programmes électoraux. Concrètement, rien de nouveau, de choquant n'est mis en avant par les prétendants à la magistrature suprême pour au moins attirer l'attention des citoyens, potentiels électeurs. Le nucléaire, bien qu'il soit devenu la pierre angulaire de tout programme électoral, dit moderne dans le monde, n'a pas bénéficié d'une grande importance, pour ne pas dire qu'il est tout simplement banni des discours des candidats. L'après-pétrole, les énergies renouvelables, les nouvelles technologies...sont strictement banalisés ou classés dans le registre de «circonstance». «Que peut-on attendre de candidats qui ne mettent même pas à jour leur site Internet sur ce plan?», s'interroge un citoyen. Les questions politiquement fâcheuses sont également reléguées au dernier plan. A part la secrétaire générale du Parti des travailleurs, Mme Louisa Hanoune, aucun autre candidat n'a parlé de remise, sur la table, de quelques questions comme celle des disparus. Aussi, les programmes des postulants ne prennent pas en compte les spécificités des différentes régions du pays. La lutte contre la désertification qui menace le nord du pays et les problèmes propres au vaste désert, la question identitaire et les problèmes spécifiques à la Kabylie et à toutes les régions amazighophones et la récurrence des émeutes à Ghardaïa, les préoccupations propres aux populations des Hauts-Plateaux, le chômage particulier au sud du pays...sont peu abordés par ces personnes qui «veulent nous présider», pour reprendre l'expression ironique d'un citoyen épris de politique. Le problème du logement, le chômage, l'éducation, l'analphabétisme, les libertés individuelles et collectives sont les thèmes qu'abordent généralement les candidats comme si les problèmes de l'Algérie ne sont que d'ordre social et ne se résument qu'en ces points. Et dans les propositions de ces derniers, les programmes n'apportent que des bribes de solutions. Comme ce fut le cas pour les propositions émises pour faire face à la crise financière mondiale et l'insécurité. Pour le tourisme, les candidats ne s'en réfèrent guère. Dans les conférences qu'ils ont animées, les candidats abordent plutôt, signe d'impopularité, le nombre de signatures qu'ils ont collecté et les problèmes rencontrés sur le terrain, plutôt que de se concentrer sur l'exposition d'idées. Se contentant des «il faut» trouver des solutions, certains de ces candidats font parfois preuve «d'immaturité politique» et de «manque d'imagination». L'un d'eux s'est même pris, lors d'un point de presse, à supplier les décideurs de lui laisser la place pour «prouver ce dont on est capable». Un signe d'incapacité de compétitivité et de concurrence. Dans ce désert politique, où frilosité et indigence des programmes électoraux se côtoient, il est difficile d'envisager une confrontation directe entre des candidats «en panne d'imagination» et en manque «d'expérience» et en déficit de «pouvoir de persuasion». D'ailleurs, aucun débat contradictoire, qui met autour de la même table les postulants n'est programmé. Les appels désespérés de certains postulants, à des «chocs d'idées» n'ont pas abouti pour le moment. Parmi les 11 candidats dont les dossiers sont au stade de l'étude au niveau du Conseil constitutionnel qui rendra son verdict le 5 mars prochain, rares sont ceux ayant ce charisme qu'on a pu lire à travers leurs discours et interventions. Aucun candidat, indépendant ou représentant d'un parti politique, n'a pu convaincre, lors de leurs prestations qualifiées de «médiocres» par les représentants de la presse qu'ils invitent dans leurs conférences. Ce faisant, des observateurs remettent en question la sincérité et l'honnêteté des candidats à la prochaine présidentielle. Selon eux, l'expression: «C'est vraiment dommage que 90% des politiciens donnent une mauvaise réputation aux 10% qui restent», de Henry Kissinger, ex-secrétaire du département d'Etat américain, trouve tout son sens et s'applique à la lettre à la situation politique nationale.