Qualifiant le 1,5 million de chahids de «chats», cette accusation est une atteinte d'une extrême gravité qui risque de paralyser les relations diplomatiques entre les deux pays. Une fois encore, le Maroc oriente ses canons vers l'Algérie. Après le roi Mohammed VI, le Premier ministre du Maroc et secrétaire général de l'Istiqlal, Abbas El Fassi, c'est au tour de la presse écrite de s'acharner contre ses voisins algériens. La gravité cette fois-ci a atteint son paroxysme et cette presse aux ordres a dépassé toutes les limites de l'éthique. Des propos publiés sur le Net ont porté atteinte à nos martyrs qualifiés de «chats» ayant sacrifié leur vie pour l'Indépendance de l'Algérie. Pourquoi cette obstination égocentrique, nuisible aux relations diplomatiques entre les deux pays du Maghreb, largement évitable? L'Algérie n'a fait qu'émettre ses conditions légales pour la réouverture des frontières algéro-marocaines. Les choses sont claires. Le Traité d'Ifrane, de 1972, officialise les frontières existantes, telles qu'elles sont aujourd'hui, entre les deux pays. Aussi, Abbas El Fassi ferait bien de revoir efficacement l'histoire et la géographie de son pays pour comprendre ce qu'il y a de vain dans les visées expansionnistes de son pays. Et l'Algérie n'y est pour rien dans le conflit opposant le Royaume chérifien au Sahara occidental. Elle s'est contentée de jouer le rôle de médiateur et son intervention a été effectuée dans le cadre de l'autodétermination d'un peuple sahraoui opprimé. Les articles publiés dans des quotidiens marocains sont allés plus loin au point de toucher à la personne du Président Bouteflika, les responsables du gouvernement ainsi qu'à l'élection présidentielle du 9 avril prochain. S'agissant de la question sahraouie, les Marocains estiment, à tort, que «l'Algérie peut user de la violence pour défendre sa position vis-à-vis de ce conflit.» Ainsi, écrit le quotidien, le pays du 1,5 million de chahids «complique davantage la problématique au lieu d'oeuvrer à la résoudre.» Et de promettre que dans ce genre de situation conflictuelle, le Maroc passera à l'offensive. «Il ne peut répondre que par la violence consistant en l'usage des armes...» Des menaces fortuites. Des propos dépourvus de sens. A contrario de ces accusations infondées de la presse marocaine, l'Algérie s'est montrée un bon exemple. Elle a toujours été au devant de la scène pour résoudre des problèmes entre différents pays. C'est un nouvel épisode de la surenchère politique entre frères et voisins qui se profile à l'horizon, pas celle à utiliser contre un ennemi réputé. Depuis le discours du roi du Maroc à l'occasion de la «marche verte», le Royaume chérifien et sa presse ne font que nuire à l'image de l'Algérie. La solution promise par Christopher Roos, l'envoyé spécial de Ban ki-moon lors de sa dernière visite au Polisario, ne sera réaliste et réalisable qu'en terre marocaine, écrit le quotidien Aujourd'hui le Maroc. Pourtant, la réalité est tout autre. Le Maroc a violé la loi depuis plusieurs années, allant même jusqu'à refuser les propositions de la plus haute instance internationale qu'est l'ONU comme en témoigne l'échec du précédent émissaire onusien Van Walsum, qui est rentré bredouille de sa mission. Et au quotidien marocain d'enchaîner: «A Tindouf, il (Roos, Ndlr) ne trouvera rien de particulier. On lui répétera ce que l'on lui aurait déjà dit à Alger. L'absence totale d'une autonomie de décision chez les dirigeants du Polisario fait de cette étape une sorte de duplicata de l'escale à Alger.» De toute façon, l'histoire retiendra ces dépassements graves du Maroc à l'encontre de l'Algérie qui refuse de participer au jeu trouble marocain. L'Algérie a toujours réitéré sa position de principe par rapport au conflit du Sahara occidental, à savoir le droit des peuples à l'autodétermination.