Difficile à dire si la coalition gouvernementale va en pâtir. Premiers couacs dans la machine parlementaire nationale. Deux partis, le RND et le MSP, forts de pas moins de 86 sièges, ont décidé de geler leur participation au sein de l'APN en attendant la décision finale du Conseil constitutionnel. Celle-ci, pour information, est attendue pour demain selon l'article 118 de la loi organique portant régime électoral. Simples caprices de partis «sanctionnés» par le peuple, ou véritable crise politique, appelée à avoir des répercussions sur la composition du futur gouvernement? Impossible d'y répondre avec certitude avant la prochaine séance plénière de la Chambre basse du Parlement. Toujours est-il que le coup de théâtre observé hier à l'hémicycle Zighoud-Youcef en a étonné plus d'un. Même si les deux partis ont évoqué les mêmes raisons qui se trouvent derrière leur fronde, aucun indice tangible ne tend à montrer qu'il ait pu y avoir concertation entre les deux groupes parlementaires, respectivement drivés par Miloud Chorfi et Abderrezak Mokri. La tension était perceptible dans les coulisses. La séance plénière, prévue pour 15 h, avait été retardée d'une heure. Nous devions apprendre, entre-temps, que les présidents des groupes parlementaires se trouvaient en conclave dans le but de dénouer cette crise naissante. Des députés des deux partis frondeurs, peu soucieux de sauver les apparences, n'ont pas hésité à claironner que «l'ère du parti unique menace de nouveau le pluralisme démocratique». Une sortie peu banale venant des deux principaux, voire les seuls alliés du FLN dans la gestion future des affaires du pays. Le MRN et le PT, résolument inscrits dans l'opposition, n'en ont pas fait autant. Si le groupe mené par Djelloul Djoudi a simplement refusé les postes de direction au sein de l'APN, celui de Abdelghafour Saâdi (président du groupe parlementaire du MRN) s'est manifestement contenté des quotas proposés par le FLN. Toujours est-il qu'à l'ouverture de la séance, le coup de théâtre était au rendez-vous. Avant même que le président de l'APN, Karim Younès, ne l'annonce, toute la presse savait que les députés du RND avaient décidé de rester dans les couloirs pour protester contre «l'hégémonie» du FLN, alors que le MSP gelait purement et simplement sa participation en attendant la décision finale du Conseil constitutionnel. La séance, toute empreinte d'électricité, n'aura pas duré plus de quelques minutes. Le temps pour le président de l'Assemblée d'annoncer les noms des présidents des groupes parlementaires, déjà donnés dans ces mêmes colonnes, et ceux des vice-présidents de l'APN. Il y en a cinq pour le FLN et un pour le MRN et les indépendants. Si le PT a refusé le sien, le RND et le MSP ont, eux, décidé de surseoir à leur participation. Les tractations, en outre, n'ont pu aboutir par rapport au partage des commissions permanentes. Une nouvelle séance plénière est prévue en ce sens dans les prochains jours. Elle devrait permettre de dire si, entre-temps, la crise aura été jugulée et si ces partis, incapables de vivre hors du giron du pouvoir, seront revenus à de meilleurs sentiments.