Les dirigeants de ce parti ont multiplié les déclarations sur les dangers que représente la modification du code de la famille. La première sortie publique du Mouvement pour la société et la paix (MSP) en ce qui concerne les amendements du code de la famille, décidés par le gouvernement, est pleine de contradictions. Lors d'une rencontre organisée, hier, au siège de ce parti, les dirigeants du MSP, forts de l'appui d'invités acquis à leur cause, ont multiplié les déclarations sur les dangers que représente sur la société algérienne la modification du code de la famille. En invitant, hier, le cheikh Abderrahmane Chibane, membre influent de l'association des oulémas musulmans, le parti du défunt Mahfoud Nahnah a voulu, certes, lancer le débat autour de cette «initiative» du gouvernement, mais il oublie vite que les changements opérés au sein de ce code, qui régit la famille algérienne depuis plus de vingt ans, sont l'oeuvre de la coalition gouvernementale issue de l'Alliance présidentielle, composée justement du MSP, du FLN et du RND. Tous les intervenants ont abondé dans le même sens, à savoir, qu'en procédant aux «amendements», c'est la charia qui est directement visée. Se référant à chaque fois à des versets coraniques ou des hadiths du Prophète Mohamed, cheikh Abderrahmane Chibane s'attardera longuement sur les relations entre la femme et l'homme. «Nous sommes pour le progrès sans toucher aux fondements de la charia», ne cessera-t-il de répéter. Intervenant à son tour, un ancien président d'une association intégriste, hors de lui, est allé jusqu'à affirmer que le gouvernement a légalisé ezzina (l'adultère). Pour lui, l'ex-Hamas ne doit pas franchir deux lignes rouges: la Palestine et le code de la famille. Il critiquera sévèrement le gouvernement constitué, d'après lui, de lobbys. La seule députée du MSP qui siège à l'APN, en prenant la parole à son tour, indiquera, tout au long de son allocution, que le «nouveau code est une atteinte à la société et à la famille algériennes». Pour elle, cet état de fait va davantage élargir le fossé entre l'homme et la femme. Intervenant, pour sa part, lors du point de presse organisé juste à la clôture de la rencontre, le vice-président du MSP, M.Abdelmadjid Menasria, soulignera que «les amendements apportent beaucoup plus de mal que de bien». Tout en se déclarant ouvert au débat, le vice-président du MSP affirmera que son parti exprimera sa désapprobation lors des conseils ministériels et devant l'APN, quand l'avant-projet de loi sera présenté devant les députés. Est-ce que son parti se retirera de l'Alliance présidentielle dans le cas où les amendements sur le code de la famille sont adoptés par la première chambre? Abdelmadjid Menasria répondra sans gêne que son parti restera dans l'alliance car, dira-t-il, «le président de la République tient vraiment à la charia islamique». Par ailleurs, dans un communiqué rendu public, le MSP considère que «l'atteinte à l'harmonie et à la cohésion de la cellule familiale est un début de dérive de l'avenir de la société et ses valeurs fondées sur l'Islam». Le Mouvement pour la société et la paix, néanmoins, déclare qu'il n'est pas contre ces amendements pour peu que ces derniers soient au service de l'unité de la famille et de la société algérienne. L'on remarquera ici des contradictions de taille. Tout au long de la rencontre parlementaire autour du code de la famille qui s'est déroulée, hier, au siège du MSP, les députés et tous les invités ont lancé, lors de leur intervention, des critiques acerbes en direction du nouveau code et de la commission qui a planché sur sa modification. Mais dans le communiqué final, le MSP a voulu être très prudent. En fait, les dirigeants de l'ex-Hamas sont réellement contre tout ce qui touche de près ou de loin à la charia, mais peuvent-ils afficher clairement leur opposition à la veille d'un remaniement ministériel qui s'annonce imminent?