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Quel avenir pour nos enfants ?
Publié dans El Watan le 28 - 04 - 2009

Maintenant que la campagne électorale pour l'élection présidentielle est terminée, que les passions se sont apaisées, notre vie publique aborde une heure de vérité, celle du bilan et des perspectives. Il nous faudra beaucoup d'humilité et de courage politique pour nous libérer des considérations qui parasitent nos perceptions du réel et évaluer objectivement nos erreurs et limites afin d'en tirer les leçons qui s'imposent. D'où des constatations, suivies de conclusions.
Constatations
La participation personnelle à l'élection présidentielle me permet de faire huit constatations qui démontrent que l'esprit démocratique et la culture d'Etat ne sont pas encore entrés dans nos mœurs :
1) Le taux officiel de participation au scrutin présidentiel est excessif : il passe subitement de 35% en 2007 (élections législatives) à 74,56% en 2009, alors qu'il était de 57,78% à l'élection présidentielle de 2004. Pourtant, la persistance d'un mécontentement social malgré d'importantes réalisations matérielles et le maintien du champ politique fermé n'autorisent guère un si grand écart. Bien au contraire : le taux d'inflation connaît une tendance haussière depuis 2005 et concerne en particulier certains produits alimentaires de première nécessité, les mouvements de grève se sont multipliés, le taux de chômage est resté à deux chiffres, le désespoir ronge une grande partie de la jeunesse qui l'exprime parfois de façon violente, les scandales financiers n'ont pas cessé, la corruption s'est généralisée, les inégalités sociales se sont aggravées par l'extension de la pauvreté et de la misère sociale, les libertés publiques, atteintes notamment par le refus anticonstitutionnel d'agréer de nouveaux partis et le harcèlement de la presse privée, continuent toujours d'être menacées avec le maintien de l'état d'urgence. A cela, s'ajoutent des représentations nationales à faible légitimité et une classe politique incapable de mobiliser. Autant de repoussoirs qui favorisent l'abstention.
2) La proportion de bulletins nuls est inquiétante : 925 771 bulletins sont déclarés nuls par le Conseil constitutionnel contre 329 075 en 2004. Ce qui représente presque 70% des suffrages obtenus par les cinq candidats perdants. La moindre explication qu'on pourrait retenir ici est qu'aucun des six candidats n'a pu satisfaire près d'un million d'électeurs (6% du nombre de votants) qui ont accompli leur devoir le 9 avril pour signifier qu'ils ne sont pas indifférents au destin de leur pays.
3) Dans le nombre très réduit de bureaux de vote où j'ai pu désigner des observateurs, l'implication des partis dits de l'Alliance présidentielle et de leurs relais, dans la pratique de la fraude, a été sans précédent par son ampleur. Leur tâche a été rendue plus aisée par l'incapacité financière pour la plupart des candidats à avoir des observateurs partout. Ce qui a facilité la « mission » de l'administration, seul « parti » véritablement structuré à l'échelle nationale.
4) Les moyens matériels et médiatiques très inégaux entre les différents candidats, la mobilisation des moyens de l'Etat par les partis au pouvoir et leurs relais ont créé une confusion très nette entre les prérogatives de chef de l'Etat et celles de candidat président, entre l'espace public et l'espace privé. Ce faisant, les facilités de propagande accordées à certains candidats, les difficultés et les embûches opposées à d'autres, ont introduit des inégalités considérables dans la conduite de la campagne électorale. Elles nous rappellent l'élection présidentielle de 2004 quand dix personnalités nationales, dont quatre candidats, ont assigné en justice l'actuel ministre de l'Intérieur pour « atteinte au principe d'égalité entre les candidats ».
5) L'irruption, depuis quelques années, de l'argent en politique a tout dénaturé, excluant l'esprit d'abnégation et de sacrifice, et rendant tout « achetable » : les consciences, les « convictions » les « positions ». Ce phénomène, notoire dans un pays voisin, était inconnu en Algérie en 1999. Pour avoir été associé directement à la direction de campagne du candidat à l'élection présidentielle, docteur Ahmed Taleb Ibrahimi, je peux témoigner de l'inexistence, à cette époque, de ce « phénomène d'argent ». Les citoyens appelés à faire partie des comités de soutien, ou à être désignés comme observateurs dans les bureaux de vote, l'ont tous fait à titre bénévole et avec une conviction rarement égalée. Certains n'ont même pas cru à l'ordre de retrait qui leur a été donné. Jamais, de mémoire, un intérêt matériel quelconque n'a été déterminant dans le comportement d'un partisan, comme c'est le cas depuis. Si bien que notre société connaît aujourd'hui un nouveau fléau, le « culte de l'argent » dont il faut dès maintenant réfléchir aux conséquences néfastes sur l'avenir du projet démocratique. Car en suivant le nouvel état d'esprit qui anime sur le terrain le milieu électoral, on est tenté de ne plus exclure la prise du pouvoir dans un avenir proche par une dynastie financière qui s'est constituée à l'ombre de la crise nationale. Les signes annonciateurs sont là : les empires financiers se dotent de plus en plus de moyens d'expression propres ou investissent dans les médias pour influencer l'opinion publique. Avec l'argent et les média, le pouvoir est à portée de main. La liste des dirigeants politiques, qui ont utilisé leur fortune dans le monde pour conquérir le pouvoir, est longue. Parmi eux, trois noms méritent d'être cités : l'Italien Berlusconi, le Libanais Hariri et le président Abiola du Nigeria.
6) La mise à contribution des entreprises privées et des hommes d'affaires dans le financement d'une campagne électorale polarisée sur une personne, les uns sous la menace voilée du recours à l'arme du redressement fiscal, les autres en contrepartie de promesses d'octroi de projets fructueux, s'est faite à ciel ouvert. Dans beaucoup de cas, cette opération a offert un spectacle désolant où le clientélisme le dispute à la boulimie, et le panurgisme à l'arrivisme.
7) Les cadres dirigeants de l'administration centrale et locale n'ont jamais été acculés à manifester au candidat sortant leur allégeance avec autant de publicité. Beaucoup ont fait volontiers dans la surenchère, de crainte de représailles en cas de « mauvais vote ». Il s'agit là d'une dérive grave dont sont responsables ceux qui détiennent le pouvoir de tutelle, car le loyalisme du cadre doit être à l'Etat, et non à ses dirigeants. En impliquant l'Administration dans des compétitions électorales, dans lesquelles elle est censée être neutre, et en soumettant les nominations, les promotions et les mutations aux critères politiques, autrement dit d'allégeance partisane, les auteurs assument la responsabilité du climat d'insécurité et de méfiance, voire de déliquescence qui se développe au sein de cet élément moteur de la vie nationale.
8) L'opposition a été incapable de s'organiser pour faire entendre sa voix de manière efficace : ni les partis boycotteurs n'ont pu influer sur le cours des événements, (ils auraient pu, par exemple, répondre à l'interdiction injuste qui leur est faite de mener campagne, en organisant une journée de ville morte dans leur zone d'influence respective), ni les personnalités nationales hostiles à l'élection n'ont pu s'entendre sur un texte de compromis appelant au boycott ni la mouvance islamique « non reconnue » n'a été suivie dans son mot d'ordre. Il s'agit là, à l'évidence, de l'un des résultats directs de la fermeture du champ politique qui a paralysé l'opposition, domestiqué nombre de partis, et empêché le renouvellement de la classe politique. Cette forme de violence d'Etat qui ne dit pas son nom pousse vers la radicalisation des positions, et donc inciterait à l'usage de la violence contre l'Etat. Est-ce l'objectif inavoué recherché, et dans ce cas, dans l'intérêt de qui, et de quoi ? En tout cas, cette attitude provoque des discours violents de la part de certains chefs de parti lésés, et semble s'accommoder de la persistance des poches d'insécurité et des troubles sporadiques qui secouent certaines régions du pays.
Conclusions
Cinq conclusions sont à retenir d'une campagne électorale sans enjeu réel, mais dont le battage médiatique lui a donné les apparences d'une forte participation populaire :
1) La volonté exprimée publiquement par le président-candidat d'être réélu à une « majorité écrasante » a été, à mon sens, interprétée par ses partisans comme le désir d'être reconduit à un score plus élevé que les précédents : 73% en 1999, 85% en 2004. Dès lors que l'objectif était défini, tous les moyens étaient bons pour l'atteindre au point de déclencher une course effrénée à la surenchère, parfois même en violation de la loi et de la morale. L'erreur, précisément, réside ici dans cette déconnexion entre illusions et réalités qui se traduit par une sous-estimation du poids de l'opinion publique, et des tendances lourdes de la société. Ce n'est probablement pas l'objectif du président de la République assuré d'une majorité confortable dans une campagne sans véritable enjeu électoral.
2) Le taux de succès annoncé aurait pu, à la limite, être plus réaliste, par le jeu du report des voix s'il y avait un deuxième tour comme ce fut le cas pour la réélection du président de la République française en 2002. Ce qui repose de nouveau la question de l'adhésion populaire à toute action d'envergure nationale, et rend difficile la maîtrise de la situation sociale par des dérivatifs à effet sonore !
3) Les partis au pouvoir, la plupart des associations religieuses et civiles, les unions professionnelles et le syndicat principal, qui ont contribué à institutionnaliser la fraude comme mode de gouvernement, en pâtiront à l'occasion des prochaines échéances électorales. D'ores et déjà, à moins de changement – pour certains d'entre eux – dans leur direction respective, ils sont disqualifiés pour émettre à l'avenir des contestations, et encore moins distribuer des satisfecit.
4) La fraude érigée en institution, avec ses serviteurs et ses complices, ses victimes et ses bénéficiaires, ne peut s'accommoder d'un Etat de droit digne de ce nom. On ne peut rêver de vivre dans un Etat de droit que le jour où ce fléau disparaîtra de notre culture, ou tout au moins, ne sera plus cautionné par les pouvoirs publics. Cette triste réalité, nous la vivons depuis des décennies au point d'en faire partie de nos mœurs politiques, et avec elle, le pays s'est installé dans une fausse apparence de vérité, c'est-à-dire dans le mensonge qui empêche une évolution saine de la société. Quelle honte d'entendre un ministre invoquer un prétexte quelconque pour encourager ses subordonnés à la désobéissance à la loi et au règlement ? Quel honneur peut tirer ce haut fonctionnaire qui se targue d'avoir agi sur « instructions verbales », quand il sait que son action est un acte délibérément délictueux ? Hélas ! l'arrogance, l'absence de culture d'Etat, de sens civique et moral font que la mise en sommeil de la mauvaise conscience permet à une action illégale, commencée en mesquinerie, de s'achever en héroïsme !
5) Les résultats de l'élection présidentielle ont reconduit un président, certes aux prérogatives constitutionnelles étendues depuis le 12 novembre 2008, mais plus vulnérable, depuis le 9 avril car sans contre-pouvoir. Or, seul le contre-pouvoir est capable de détecter à temps les dysfonctionnements administratifs et les anomalies qui, à terme, paralysent l'efficacité d'un régime politique. Les artisans de cette « victoire » ont non seulement desservi le candidat réélu, mais approfondi la crise de confiance entre le peuple et ses gouvernants. Rien ne sert de se cacher derrière les apparences, elles sont toujours trompeuses. Désormais, le président de la République sera seul en première ligne, face à une situation d'effervescence sociale et de dégradation du climat sécuritaire favorisée par l'accumulation des rancunes, l'impunité et la marginalisation des élites intellectuelles. L'histoire récente en Afrique est riche en exemples de turbulences sociales qui aiguisent les ambitions politiques et relancent la mode des putchs. Personne ne sait où nous mènera la récession actuelle dans le monde ou quel sera son impact sur notre existence, tributaire des hydrocarbures. Aussi, seules des réformes systémiques, impliquant une restructuration du pouvoir sur la base d'une nouvelle approche de la réalité nationale, l'ouverture du champ politique pour permettre l'émergence d'une nouvelle élite politique mieux cultivée, et sans engagement à géométrie variable, la levée de l'état d'urgence, une meilleure prise en charge des préoccupations de la jeunesse, la réhabilitation du dialogue et de la concertation avec les forces sociales représentatives, permettront au président réélu d'inscrire son nom au panthéon de la démocratie, et au pays d'avancer dans la bonne voie et d'aller vers plus d'Etat de droit. A défaut, ce sont les institutions de l'Etat, au demeurant érodées par l'usure de la longévité et de la rotation de leurs dirigeants, qui s'exposeraient au risque d'effondrement, mettant ainsi sérieusement en danger l'avenir que nous préparons à nos enfants.
L'auteur était candidat à l'élection présidentielle d'Avril 2009


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