Le ton est donné avec l'officialisation, par le Conseil constitutionnel, de six candidats à l'élection présidentielle, dont les noms ont été rendus publics en milieu de semaine, et qui n'ont certainement pas créé la grande surprise parmi les observateurs de la scène politique algérienne. Le constat paraît clair. Il ne faudrait sans doute pas exclure qu'à compter du 19 mars prochain, à la lumière de la compétition électorale qui va avoir lieu, une nouvelle découpe puisse se dessiner et perdurer sur cette scène politique au-delà même du 8 avril. Aujourd'hui, concrètement, deux forces en présence sont mises en avant. La première, comme son nom l'indique, est cette alliance soudée autour du Président candidat. Il s'agit d'une alliance stratégique formée du plus vieux parti du pays, le FLN, d'un second parti, le RND, se disant du rassemblement démocratique et arrimé au pouvoir et d'un troisième parti, le MSP, mouvement dit islamiste, en réalité beaucoup plus fidèle à une ligne de conduite basée sur l'entrisme. De l'autre côté, l'on notera le développement d'un rassemblement hétéroclite de quelques petites formations ayant obtenu des sièges à l'APN et aux APC, dont le dénominateur commun semble être, pour l'instant, d'apporter la contradiction, sans plus. Il s'agit principalement du FNA de Moussa Touati, du PT de Louisa Hanoune, et dans une moindre mesure du Mouvement Ahd 54 de Fawzi Rebaïne. L'on notera bien sûr qu'en dehors du président candidat Bouteflika, qui a renoué depuis deux semaines avec les apparitions publiques et pris de l'avance sur ses colistiers, deux semblent plus capter l'attention de l'opinion publique que les autres ; il s'agit évidemment de la porte- parole et leader du Parti des travailleurs Mme Hanoune, et du président du Front national algérien Moussa Touati. Autant pour Louisa Hanoune que pour Moussa Touati, la candidature était donnée pour certaine, déjà parce qu'ils ont réussi à occuper une place relativement appréciable au sein du paysage politique et médiatique algérien puisque les deux y bénéficient d'une audience assez bonne, chacun à sa manière Pour finir la texture de la compétition électorale de 2009 présente par conséquent deux sortes de cercles politiques différents dans leurs actions, à la fois proches et plutôt interlocuteurs qu'antinomiques, c'est-à-dire sans être vraiment opposées. Est-ce que cela représente réellement le paysage politique algérien aujourd'hui ? Rien de tangible ne pourrait l'expliquer, d'autant que l'échéance de 2009 n'a pas le contenu des précédentes, dans la mesure où des personnalités politiques plus ou moins connues sur la scène nationale, et des formations politiques ayant pignon sur rue n'ont pas cru bon de faire acte de candidature. Mais toujours est-il que cette composante politique dans son ensemble pourrait probablement demeurer la seule à jouer un rôle actif, ne serait-ce que parce qu'elle est représentée au Parlement, et restée éloignée de la politique de la chaise vide. À présent que le compte à rebours a été lancé, le fait est que les candidats du second cercle semblent pourtant s'être engagés tout en étant démunis de tout programme réellement à même de mobiliser une partie de l'électorat, ou sinon de récolter quelques voix de plus dans l'immense réserve drainée par les partis de l'Alliance pour le candidat Bouteflika. Non seulement Abdelaziz Bouteflika, un candidat favori et difficile de par sa stature d'homme politique d'envergure, d'historique de la Révolution algérienne et d'orateur hors pair, se présente avec un plan pluridimensionnel à la hauteur de la conjoncture nationale et internationale, mais il détient aussi une popularité loin d'être négligeable auprès de la population. Cela, alors que les autres ont eu toujours tendance à rebondir sur des sujets usés et maintes fois revisités. Mis à part Louisa Hanoune, peut-être. ZOUBIR FERROUKHI