Le choix entre les investissements locaux et étrangers n'est pas facile, ce qui doit pousser à un inévitable «mix» entre les deux. Le gouvernement algérien compte pour l'instant sur le niveau des réserves de change pour pouvoir supporter les retombées de la crise économique et financière mondiale. Mais ce répit ne sera que de courte durée, car il y a lieu de se poser la question de savoir ce que représentent cinq années dans la vie d'une nation. La prise de conscience sur le fait que les recettes des exportations des hydrocarbures ne peuvent pas compenser les déficits constatés dans le secteur de la production, ne date pas d'aujourd'hui. Toutefois, il a toujours été difficile de freiner le déclin de certains secteurs comme celui de l'industrie qui ne représente plus que 5% du produit intérieur brut. L'agriculture connaît, elle aussi, des difficultés et c'est une activité qui ne peut être sauvée que grâce à des interventions répétées de l'Etat. Dans ce contexte, il faudrait bien trouver d'autres sources de financement pour soutenir la croissance à moyen terme. Ce constat est partagé, aussi bien par le gouvernement que par les économistes. Toute la difficulté consiste à savoir si l'autofinancement est apte à répondre aux besoins de l'appareil de production ou s'il faut recourir à des investissements étrangers massifs. Les gouvernements successifs n'ont pas cessé depuis les années 1990 de faire appel aux étrangers pour investir dans l'industrie, les services et les hydrocarbures, mais à l'heure actuelle, on constate que le thème du patriotisme économique a fait son entrée dans les esprits des gouvernants qui veulent limiter l'emprise de ce capital dans l'économie nationale. Cette option n'a pu être envisagée que suite à une hausse continue des prix des hydrocarbures, ce qui a permis à l'Algérie d'engranger près de 80 milliards de dollars en 2008. La réduction de la dette extérieure et l'augmentation du PIB par habitant et par an à plus de 5000 dollars ainsi que l'enregistrement de taux de croissance importants ont redonné confiance aux responsables en charge des dossiers économiques. Cela a même poussé le président de la République à prononcer des mots durs à l'adresse des investisseurs étrangers. Une certaine prudence vis-à-vis du partenaire étranger est alors ressentie puisque l'Etat a décidé d'être associé dans le capital des futures sociétés étrangères installées en Algérie. D'autres mesures à mettre au registre du patriotisme économique ont été prises comme celle de l'interdiction d'importation de certains médicaments fabriqués en Algérie. L'association d'Algériens à un niveau d'au moins 30% dans les sociétés d'importation étrangères, achève le processus de la quête de l'Algérie de maîtrise de son économie. Ce processus avait, rappelons-le, pris naissance dans le secteur des hydrocarbures lorsque Sonatrach s'est associée aux sociétés étrangères dans le secteur des hydrocarbures dans un souci de limitation de transfert des bénéfices à l'étranger. Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a estimé récemment que ces mesures n'ont pas été accueillies négativement par les partenaires étrangers. D'ailleurs, même si c'était le cas, le Premier ministre pense que l'Algérie a besoin de nouveaux procédés technologiques pour améliorer la qualité de sa production plutôt que d'investissements qui pourraient être assurés par ses propres moyens. Les étrangers ne comptent pas bouder l'Algérie pour autant comme en témoignent les récentes prises de position des Anglais et des Italiens à l'égard de notre pays. Les opérateurs économiques de plusieurs autres pays voient, qu'en Algérie, il existe diverses opportunités d'investir. La sagesse voudrait que cet apport additionnel soit un complément au programme de développement de 150 milliards de dollars lancé par l'Etat pour les cinq prochaines années. L'apport en fonds propres des entrepreneurs locaux et le financement accordé par les banques sont autant de ressources capables d'opérer un mix entre investissements locaux et étrangers.