Il est fort possible que le président de la République annonce aujourd'hui la révision du Code de la famille. Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, rencontrera aujourd'hui les femmes au Palais des nations. Ce rendez-vous intervient dans un contexte particulier, car il fait suite à l'amendement de la Constitution visant à promouvoir le rôle de la femme dans le domaine politique et d'autres secteurs d'activité. Le chef de l'Etat a affirmé hier que la consolidation de la position de la femme au sein de la société constituait «l'une de nos priorités» afin de conforter les réalisations accomplies, depuis quelques années, dans les domaines de l'éducation, de la formation, des oeuvres sociales et de participation politique et économique. Dans une allocution lue en son nom par M.Mohamed Ali Boughazi, conseiller à la présidence de la République, à l'ouverture de la 2e Conférence nationale sur «La formation et l'accompagnement de la femme pour le développement socio-économique», le Président Bouteflika a relevé que «le droit à l'enseignement et à la formation est le fondement pour l'exercice des autres droits». Pour le chef de l'Etat, «il y a lieu de retenir que l'enseignement et la formation constituent le moyen à même de renforcer l'égalité des genres et de contribuer à la stabilité et à la cohésion sociale en luttant contre toute forme d'extrémisme et en permettant aux couches vulnérables de s'adapter au changement et de se prendre en main pour exercer pleinement leur droit de citoyenneté». Le Président Bouteflika a en outre souligné: «La volonté politique de l'Etat de prendre en charge les préoccupations de la femme et répondre à ses attentes», indiquant que «la principale préoccupation est celle de mettre en place des dispositifs opérationnels lui permettant de réaliser son projet professionnel et lui offrant les chances de réussite et de promotion sociale souhaitées.» Concernant les récents amendements de la Constitution relatifs à la femme, le Président Bouteflika souligne qu'ils émanent «de notre reconnaissance de la valeur de la femme» et qu'ils dénotent «notre souci extrême de lui accorder la place qui lui revient de droit et qui lui sied au sein de la société algérienne». Cet amendement peut être d'un grand secours pour renforcer la présence de la femme dans divers domaines dans la société algérienne. Cette démarche volontariste est la bienvenue pour dépasser les préjugés à l'égard de cette frange de la population. Rappeler en ce 8 Mars qu'il est impensable d'exclure la gent féminine de la scène politique n'est donc pas inutile. Pour l'instant, une seule femme se présente régulièrement à l'élection présidentielle en Algérie et c'est même l'unique cas dans le monde arabe, si l'on excepte des candidatures d'indépendantes au Liban. Louisa Hanoune, porte-parole du Parti des travailleurs, peut alors inspirer, grâce à sa démarche, plus d'une femme à se lancer dans une carrière politique. Les évolutions ne viendront pas seulement des décisions politiques car des changements plus profonds peuvent surgir de la société. Déjà, à l'heure actuelle, les filles constituent la majorité des inscrits aux études supérieures. M.Benzaghou, qui avait présidé la commission de réforme du système éducatif, a déclaré, en février dernier, que 60% des étudiants sont des filles. Il faudrait donc s'attendre, même si ce n'est pas dans l'immédiat, à une conquête lente mais sûre des centres de décision et de postes importants par les femmes. D'ailleurs, la tendance à occuper de hautes fonctions n'est pas nouvelle mais elle reste encore timide. Quand on sait que le Liberia, qui sort d'une guerre civile, détient le record de représentation des femmes au Parlement avec un taux de 47%, on s'aperçoit que la marge de manoeuvre est encore grande pour les Algériennes. La société a encore des relents de patriarcat et, dans certains cas, l'Algérie s'apparente davantage à une république de cousins qu'à celle de citoyens. Et contre ce phénomène, les lois n'y peuvent rien.