Le Conseil de sécurité a de nouveau constaté dans la soirée de vendredi ses désaccords sur les moyens de faire face à la situation au Soudan, après l'émission d'un mandat d'arrêt contre le président Omar el-Bechir par la CPI et l'expulsion des ONG du Darfour. Selon les diplomates occidentaux, les membres du Conseil ont exprimé unanimement leur «préoccupation» devant la situation humanitaire très précaire créée au Darfour par l'expulsion de 13 ONG internationales par Khartoum, en réponse au mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) contre M.Bechir pour crimes de guerre dans cette province. Mais ils n'ont pu s'entendre sur une déclaration appelant Khartoum à revenir sur cette décision. «Il n'y aura pas de déclaration», a indiqué à la presse l'ambassadeur de Grande-Bretagne à l'ONU, John Sawers, à l'issue d'une séance de consultations à huis clos, précisant que les cinq membres permanents du Conseil (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie) n'avaient pu se mettre d'accord. Selon un diplomate qui a souhaité garder l'anonymat, la Chine a refusé d'approuver un texte demandant à Khartoum de revenir sur sa décision, s'il n'exprimait pas en contre-partie la «préoccupation» du Conseil après l'émission du mandat d'arrêt contre M.Bechir. La réunion avait été convoquée par la Libye, qui assume ce mois-ci la présidence tournante du Conseil. Le chargé d'affaires libyen, Ibrahim Dabbashi, a indiqué avoir informé le Conseil de sécurité de la décision conjointe de l'Union africaine (UA) et de la Ligue arabe d'envoyer une délégation de haut niveau à l'ONU afin de demander à nouveau au Conseil de sécurité de suspendre la procédure de la CPI contre M.Bechir, afin de ne pas compromettre le processus de paix au Soudan. Le Conseil a en effet la possibilité d'agir ainsi en adoptant une résolution invoquant l'article 16 du Statut de Rome qui a créé la CPI. Mais les partisans d'un tel recours n'ont pas les neuf voix requises au Conseil de sécurité pour adopter une telle résolution, les pays occidentaux y étant opposés au nom de la lutte contre l'impunité. M.Dabbashi n'a pu dire avec précision quand cette délégation, qui sera de niveau ministériel, viendrait à New York, avançant les dates du 15 ou du 16 mars.