Le Soudan, soutenu par les pays arabes et africains, a renouvelé jeudi un appel au Conseil de sécurité de l'ONU pour qu'il suspende pour un an toute procédure légale internationale contre le président soudanais Omar el-Béchir, accusé de génocide. Les juges de la Cour pénale internationale (CPI) pourraient décider ce mois-ci d'émettre un mandat d'arrêt contre M. Béchir, accédant ainsi à la demande de son procureur, Luis Moreno-Ocampo. Celui-ci a accusé en juillet le président soudanais de génocide, crimes de guerre et crimes contre l'humanité au Darfour, région de l'ouest du Soudan en proie à une guerre civile depuis février 2003. « Le Conseil de sécurité devrait s'aligner sur la priorité de la paix et suivre la requête de l'Union africaine (UA) », a déclaré à la presse l'ambassadeur du Soudan à l'ONU, Abdalmahmood Abdalhaleem Mohamad, qualifiant la demande du procureur Ocampo de « politique, folle et dangereuse ». Lors d'un sommet lundi à Addis Abeba, l'UA a fait bloc derrière M. Béchir en se prononçant contre l'émission d'un mandat d'arrêt le visant. « Compte tenu du caractère délicat des processus de paix en cours au Soudan, l'approbation de cette requête (du procureur) risque de compromettre sérieusement les efforts en cours », a déclaré l'organisation panafricaine.Depuis la demande du procureur, plusieurs pays arabes et africains avaient suggéré l'invocation de l'article 16 du Statut de Rome, qui a créé la CPI. Cet article permet au Conseil de sécurité, dans une résolution, de suspendre pour une période d'un an renouvelable toute procédure engagée par la Cour. « Nous aimerions voir l'article 16 invoqué au Conseil », a déclaré jeudi l'observateur permanent de la Ligue arabe à l'ONU, Yahya Mahmassani. L'adoption d'une telle résolution exigerait neuf voix sur quinze au Conseil, incluant celle des cinq membres permanents. Selon les diplomates occidentaux, les partisans de l'invocation de l'article 16 n'ont pas les neuf voix nécessaires. « Nous faisons tout notre possible pour essayer d'empêcher que la situation sur le terrain ne se détériore et que les chances d'un règlement au Darfour ne soient compromises à cause de la décision probable de la Cour », a expliqué M. Mahmassani. « Si la Cour le fait (émet un mandat d'arrêt contre M. Béchir), ce sera un gros revers pour la situation au Darfour, cela ne mènera nulle part », a-t-il ajouté.