Une lettre ouverte a été envoyée, hier 9 mars, au ministre de la Justice, garde des Sceaux pour lutter contre ce fléau. Le harcèlement sexuel en milieu professionnel est une réalité même s'il est difficile d'en connaître les chiffres en raison des tabous. Les victimes refusent de déposer plainte. «Ce refus s'explique par le manque de preuves», atteste Mme Nasséra Merah, membre de la Commission nationale de la Ligue algérienne des droits de l'homme (Laddh), affiliée à l'Ugta, chargée de lutte contre la discrimination. S'exprimant hier au cours d'une conférence de presse tenue à la Maison de la presse Tahar Djaout à Alger, portant sur les droits des femmes journalistes, Mme Merah a indiqué que «seulement deux femmes ont eu le courage de dénoncer leur harceleur. Celui-ci, n'est autre qu'un responsable au sein d'une institution financière.» En effet, l'oratrice relate que «les deux femmes se sont présentées, documents à l'appui à la rédaction d'un quotidien arabophone, la victime et sa collègue en qualité de témoin, ont raconté en détails ce qui leur est arrivé. Ainsi, le journaliste a rédigé son article tout en s'appuyant sur leur témoignage. Grande fut la surprise de ce dernier et des plaignantes lorsque le mis en cause les a poursuivis en justice pour diffamation. Ils vont passer au tribunal d'Alger demain 11 mars.» Un exemple parmi tant d'autres. La conférencière a salué le courage des journalistes. «Condamnées pour avoir défendu leur dignité, c'est une honte! Pour nous la presse demeure le moyen le plus efficace d'atteindre les responsables», a-t-elle encore affirmé. Et dans l'objectif de protéger le témoin ayant pris le risque d'appuyer une victime, une lettre ouverte a été envoyée, hier 9 mars, au ministre de la Justice, garde des Sceaux par la Commission nationale des femmes travailleuses, affiliée à l'Union générale des travailleurs algériens (Ugta). «Notre présente demande vise à assurer des garanties légales aux victimes ainsi qu'à ceux qui s'opposent à la violence contre les femmes, notamment sur les lieux de travail car la protection de la dignité des femmes est une condition de travail décent», stipule la lettre dont une copie a été transmise à L'Expression. Le deuxième volet soulevé au cours de cette rencontre a trait à la discrimination politique. «La discrimination est claire mais pas déclarée», souligne Mme Merah. A ses yeux, «tous les partis politiques marginalisent les femmes, excepté certains qui les ont classées au dernier rang de leurs listes électorales». Prenant part au débat, Mme Nadjia Zaghouda, syndicaliste, a insisté sur le système de quota et dira à ce propos: «Il faut revendiquer le système du quota car c'est un passage obligatoire pour avoir le leadership.» Malgré les efforts déployés par l'Etat et son engagement à combattre la discrimination à l'égard des femmes, celles-ci continuent d'être victimes de violence et de discrimination, estiment les observateurs. Les rémunérations inférieures malgré les aptitudes égales, la faible participation politique et la quasi-exclusion des sphères de décision, voilà autant d'exemples de violations des droits humains et de discrimination dont les femmes sont particulièrement victimes. Au final, Mme Merah s'est félicitée des dernières déclarations du président de la République concernant la promotion de la femme aux postes de décision. «Nous souhaitons que ses déclarations soient suivies pour qu'on arrive à la parité et à l‘égalité», a-t-elle conclu.