L'Union maghrébine des employeurs compte intensifier les échanges commerciaux intermaghrébins qui ne sont actuellement que de 2%. L'Expression: La création de l'Union maghrébine des employeurs a été décidée suite à un constat sur l'économie de la région, voulez-vous nous rappeler les analyses qui ont prévalu à cet égard? M'Rakach: On a effectué un constat sur les échanges économiques entre les pays maghrébins en comparant avec les diverses organisations et entités régionales existantes dans d'autres continents. C'est suite à ce travail que les cinq plus importantes confédérations patronales de l'Union du Maghreb arabe, qui sont, en même temps, des partenaires sociaux et économiques dans leurs pays respectifs, avaient décidé, au cours de l'année 2005, d'engager une réflexion à ce sujet. Il s'agissait de permettre à la région du Maghreb de s'engager résolument dans la démarche de développement économique et social. C'est d'ailleurs, ce qui sous-tend tout regroupement régional particulièrement dans la conjoncture actuelle. Quelles étaient les références sur lesquelles vous vous êtes appuyés pour entreprendre cette démarche? Il faut souligner que l'intégration maghrébine est inscrite en bonne position dans le traité de l'UMA qui a vu sa naissance à Zéralda et poursuivi son parachèvement à Marrakech. En adoptant ce principe, les organisations patronales des cinq pays se sont inscrites dans une démarche qui permet, d'après toutes les analyses effectuées par le FMI, l'UE et l'Organisation de coopération et de développement économiques, et les experts indépendants, de parvenir à une intégration économique. Cette dernière devrait se traduire par plusieurs résultats. Chacun des pays pourrait ainsi obtenir un gain de 2% de son taux de croissance et parvenir, ensemble, à la création de 20 millions de postes d'emploi. Quelles ont été les étapes par lesquelles les organisations sont passées pour parvenir à leur objectif? De nombreuses réunions se sont tenues successivement dans chacun des pays en présence, à chaque fois, des représentants diplomatiques de pays respectifs et de l'UMA, ont permis de dégager les fondements et les principes de fonctionnement et les objectifs d'une organisation commune appelée Union maghrébine des employeurs (UME) pour instituer un Maghreb économique. Quel est le plan d'action de cette Union? Le programme d'action est extrêmement important et prévoit les atouts et les justifications des divers avantages induits par ce regroupement. On a établi une étude détaillée dans le cadre de la conférence organisée par le FMI à Tunis les 26, 27 et 29 novembre 2007. Les ministres des Finances et les gouverneurs des Banques centrales des cinq pays étaient présents. Il y avait aussi la participation du secrétariat général de l'UMA et des présidents des cinq confédérations patronales, à savoir la Confédération algérienne du patronat, la Confédération nationale du patronat mauritanien, la Confédération générale des entrepreneurs marocains, le Conseil du patronat libyen et l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat. Sur quoi avait porté le rapport issu de cette réunion? Le rapport qui a été élaboré par des experts internationaux est axé sur trois volets. Il a abordé le contexte et la conception des échanges par une intégration régionale, l'état de l'intégration et des échanges et les recommandations et les plans d'actions ainsi que les conclusions. Des détails ont été inclus sur les objectifs et les moyens de les atteindre ainsi que sur différents indicateurs pour chacune des phases ciblées. Ce rapport a été présenté aux experts ainsi qu'en plénière. Il a reçu l'approbation des différentes parties avec des recommandations pour dynamiser l'UME. Une deuxième réunion avec les mêmes partenaires a eu lieu à Tripoli du 15 au 18 novembre 2008 pour établir un état des lieux d'avancement du plan d'action. Quels sont les points contenus dans ce plan? Le premier d'entre eux a trait à l'interconnexion des sites Web existant au niveau de chaque pays, relatifs aux procédures administratives et aux documents demandés pour la création d'entreprises. Il est question d'encourager l'utilisation des TIC pour toutes les formalités administratives dans tous les domaines qui concernent l'entreprise. Ceci devrait se traduire par la mise en place d'une plate-forme électronique relative à la création d'entreprises. Un autre point est lié à la promotion et à la facilitation de la création de projets communs en commençant par identifier et étudier les projets maghrébins fédérateurs dans des filières porteuses et ambitieuses et qui peuvent être confiés à des consortiums de sociétés privées. C'est à l'UME qu'échoit la responsabilité de réaliser les études de faisabilité. L'accélération de la réalisation de l'autoroute maghrébine pour faciliter les échanges et la circulation des biens et des personnes est aussi inscrite avec la recommandation de s'appuyer, dans ce cas, sur le partenariat public/privé. Pour développer les échanges commerciaux entre les pays du Maghreb, il est aussi recommandé de développer le transport maritime et aérien. L'augmentation des fréquences des vols intermaghrébins et l'extension des Accords Open Sky à toutes les compagnies maghrébines, sont aussi parmi les recommandations émises. Y a-t-il d'autres projets en plus de ceux relatifs au transport et aux TIC? Les recommandations des différentes réunions insistent sur l'organisation d'actions de formation communes pour les cadres et les responsables afin d'accroître et de renforcer la capacité managériale des PME. Cela devrait se solder par la création de l'Institut maghrébin destiné aux jeunes promoteurs. Ces derniers peuvent échanger leurs expériences et bénéficier des structures d'encadrement existantes dans chaque pays de l'UMA. La création d'une base de données économiques pour les cinq pays de l'UMA et d'un observatoire sont d'autres recommandations de ces rencontres. Suite à la réunion de Tripoli, il y a eu les félicitations du FMI sur les progrès réalisés par l'UME. Quels sont les objectifs assignés au premier Forum maghrébin des hommes d'affaires? Ce forum se tiendra les 10 et 11 mai à l'hôtel Sheraton d'Alger avec la présence de 700 hommes d'affaires et invités. Il a été décidé d'organiser ce forum suite au plan d'action adopté par le conseil d'administration de l'UME. Il témoigne, si besoin est, des capacités de ses membres à fournir un ensemble de moyens pour mettre en place les conditions permettant d'atteindre les objectifs qui leur sont assignés. La tenue de cet important forum sera marquée par la présence d'importantes personnalités au niveau mondial ayant trait à l'environnement économique. Le forum, dont Son Excellence, le président de la République parraine la tenue, abordera des thèmes ayant un réel impact dans le cadre des échanges intermaghrébins ainsi qu'en termes de création de débouchés d'un groupement économique régional avec des capacités de négociation fortes en rapport avec les ensembles économiques extérieurs. La contribution de ce forum sera celle de donner un impact certain au développement des entreprises dans la région par des opportunités et des complémentarités nécessaires dans un cadre équilibré et rationnel en accord avec les potentialités des unes et des autres sur les différents points liés à l'expansion des entreprises pour faire sortir l'économie des contraintes auxquelles elle est soumise. Les potentialités existent et elles permettent d'élever à un niveau appréciable les économies des cinq pays du Maghreb dont les entreprises s'engagent à agir de manière intense et constructive dans le sens des aspirations de tous les Maghrébins. Quel est l'accueil réservé à l'UME en Algérie? Le président de la République s'est prononcé favorablement lorsque le secrétaire général de l'UMA lui a annoncé la création de l'UME, et l'inauguration de son siège à Alger a été marquée par la présence du chef du gouvernement. Est-ce que la création de l'UME a suscité l'intérêt des partenaires des pays maghrébins? L'UME est une initiative bien accueillie par les partenaires des cinq continents.