S'il y a un secteur qui a échappé aux programmes électoraux des candidats, c'est bien celui du tourisme. Pourtant, le créneau qui constitue le grand atout pour l'Algérie de l'après-pétrole, c'est bel et bien le tourisme. Cette sentence émane d'un climatologue au lendemain de la reconnaissance de l'échec de la politique touristique du ministre et de l'Environnement de l'Aménagement du territoire et du Tourisme, à la fin de la dernière saison touristique. Pays à vocation touristique, l'Algérie doit planifier son avenir en se basant sur ce secteur très porteur pour l'économie de la nation. Tous les atouts y sont disponibles. Le tourisme balnéaire, de montagne, culturel, tourisme populaire, tourisme d'affaires...autant de créneaux dans lesquels l'Algérie peut réussir sa politique touristique. La Tunisie a réussi. Les côtes, les montagnes, le désert...autant de potentialités et d'atouts dont la nature a gratifiés l'Algérie. Seulement, voilà qu'à la veille de l'élection présidentielle, les candidats à cette échéance l'ont relégué dans la hiérarchie des priorités de leurs programmes électoraux. Preuve en est, le tourisme est le grand absent des discours des candidats, que ce soit lors des conférences qu'ils ont tenues ou des émissions radiophoniques et télévisées auxquelles ils ont été invités. Aucune allusion, aucun commentaire n'a été émis par les prétendants à la magistrature suprême concernant ce chapitre. Même quand il s'agit d'émettre des propositions pour faire face à la crise financière mondiale ou à la lutte contre le chômage, ce secteur est tout simplement omis. Aucun des candidats n'a parlé de ce secteur d'activité comme étant pourvoyeur de postes d'emploi. Si en Tunisie, le tourisme constitue un pilier de l'économie nationale, en Algérie beaucoup reste à faire, y compris sur le plan de la réflexion. Aussi, nous ne connaissons que peu de choses des programmes touristiques des six candidats. Et ce que nous connaissons est figé dans des passages dont le contenu est à lire entre les lignes. Dans ce climat, il ne faut pas s'attendre à un débat entre les candidats du moment que leurs programmes se ressemblent sur plusieurs points, notamment en ce qui concerne ce domaine. Ali Fawzi Rebaïne l'a même figé dans un chapitre relatif à la promotion du patrimoine culturel et civilisationnel. Pour ce secteur, le programme que AHD 54 a déposé au niveau du Conseil constitutionnel ne comporte que quatre mots en rapport avec le tourisme. «Promotion du tourisme culturel et de l'environnement», est-il noté dans ce document. Rencontré au niveau du siège de son parti à Alger pour donner plus de détails concernant ce chapitre de son programme, Aïssa Belmekki, directeur de campagne de AHD 54, s'est évertué à chercher les mots pour dire que le tourisme est un créneau porteur de la vie économique nationale eu égard aux potentialités du pays dans ce domaine. Il a indiqué que son parti conçoit ce secteur sous deux angles: tourisme interne et externe. Le programme de son parti, a-t-il ajouté, garantira la protection du pays par une législation solide. «Tous les moyens seront mis à la disposition de ce secteur pour le promouvoir et l'élever au rang du professionnalisme», a-t-il expliqué, ajoutant que la promotion de la culture touristique chez l'Algérien et attirer aussi les étrangers est primordial. Il est question, selon lui, de construire des nouvelles structures touristiques qui répondent aux normes universelles en la matière, tout en prenant en considération l'aspect environnemental. Des propositions que peut faire le commun des Algériens et dont le candidat indépendant Mohamed Saïd partage la conception. Dans le programme électoral de ce dernier, le tourisme n'a droit qu'à une phrase. «La promotion du secteur touristique par l'encouragement du partenariat dans le cadre d'une démarche nationale économique intégrée», peut-on lire dans le programme de Mohamed Saïd. Ce passage est même inclus dans le chapitre relatif à la diversification des ressources du revenu national. Pour le Front national algérien (FNA) de Moussa Touati, le tourisme est évoqué dans des termes utilisés par l'ensemble des candidats. Noyé dans le 13e chapitre de son programme électoral qui en contient 14, ce créneau porteur aux yeux de tous les candidats, n'est abordé qu'en cinq points. Ainsi, le programme de M.Touati propose la prise en charge du tourisme scolaire, l'incitation des familles pour contribuer au renforcement des potentialités touristiques, la création d'une culture touristique, la promotion du tourisme populaire et l'assainissement des complexes touristiques. Il n'est pas donc étonnant qu'à la fin de chaque saison estivale, le ministre chargé du secteur reconnaît que sa stratégie a échoué. Si c'est vrai que la tragédie nationale y est pour beaucoup, il demeure que le manque d'imagination des responsables a fait le reste.