Cette nomination n'est rien moins qu'une voie de garage. Il s'en est fallu de peu. La proclamation de la composition du nouveau gouvernement est venue à point nommé sauver le secrétaire général d'une destitution certaine lors de la réunion du conseil national prévue demain à Zéralda. Il était clair, comme nous l'avions relevé dans ces mêmes colonnes, que Ouyahia avait engagé une course contre la montre afin de sauver son poste de premier responsable du Rassemblement national démocratique. Les animateurs du comité de sauvegarde du RND, de leur côté, ont initié un véritable parcours du combattant, profitant de la «défaite désastreuse» du parti pour obtenir, en un temps record, assez de signatures pour destituer le bureau et le secrétaire général de leur parti. Le dernier communiqué de ce comité, sentant peut-être, venir les choses de loin, avait même pris le soin de mettre en garde les autorités «afin de ne pas traiter avec la direction illégitime du RND dans le cadre des tractations autour de la formation du futur gouvernement». Bref, tout se jouait sur un détail, une date, pouvant faire basculer les choses en faveur de l'un ou de l'autre camp. Le sort en aura décidé ainsi. Le report du sommet de l'UMA, donc, aura, sans doute, profité à quelqu'un, Ahmed Ouyahia. C'est en partie à cause de cela, dit-on, que la composition du nouveau gouvernement a été annoncée en quelque sorte avant terme. Le RND, pour le plus grand bonheur de son patron, n'y a laissé aucune plume. Mieux encore, Ouyahia vient de bénéficier d'une promotion à tout le moins inespérée au regard du score peu concluant obtenu par son parti. Devenu représentant personnel du Président de la République, Ahmed Ouyahia joue désormais sur du velours. C'est loin d'être l'avis des animateurs du comité de sauvegarde du RND. Ces derniers, forts d'assez de signatures pour destituer demain leur secrétaire général, «intérimaire», insistent-ils toujours, n'en démordent pas pour autant. Certains d'entre eux, joints, hier, par téléphone, ont développé une lecture bien différente de ce que semblent refléter les apparences. Pour nos interlocuteurs, en effet, «cette nomination, inattendue pour tous, ne fait pas de Ouyahia un vice-président officieux puisqu'il ne s'agit rien moins que d'une voie de garage». Aux yeux des animateurs de ce comité, «le fait même que Ouyahia ait été maintenu au sein du gouvernement, ôte une partie de la crédibilité de ce dernier». Aussi, la fronde se poursuit-elle, plus déterminée que jamais puisque les animateurs développeront comme argument l'idée que si Ouyahia et ses hommes ne partent pas, un échec aussi cuisant sera essuyé à l'issue des élections locales, prévues d'ici à l'automne prochain. Dans tous les cas de figure, les jeux sont faits et chacun sera fixé sur son sort, et sur l'avenir du RND, demain, à l'issue de la réunion de son conseil national.