Rien ne va plus au sein du Mouvement démocratique et social (MDS). On savait que le parti, depuis le décès de Hachemi Cherif, était sur des charbons ardents, mais personne n'aurait imaginé une tempête d'une telle violence. Hier, le nouveau secrétaire général par intérim, Ahmed Meliani, a tenté, tant bien que mal, d'expliquer aux journalistes les facteurs qui ont concouru au report du congrès national et au « changement » qui s'est produit à la tête du parti. Presque au même moment, d'autres membres du conseil, soutenus par les fédérations de wilaya qui demeurent fidèles à la ligne politique de Hocine Ali, préparaient une contre-offensive. Pour ce faire, ils comptent tenir, demain, une conférence de presse. Avec des dissensions d'une telle intensité, le MDS risque de se retrouver avec deux directions et deux visions. « Il n'y a ni crise politique ni clivages au sein des instances du mouvement », a déclaré, sans convaincre, Ahmed Meliani, lors de sa conférence d'hier. « La direction du MDS, a-t-il ajouté, a estimé nécessaire de procéder à un changement à la tête du bureau national et au report du congrès pour mieux approfondir le débat et rendre plus lisible la situation politique complexe que traverse le pays. » Selon le conférencier, « ces deux décisions ont été adoptées, de façon démocratique, par les membres du conseil national ». Suivant son discours, le désormais ancien secrétaire général par intérim, Hocine Ali, n'a pas été relevé et aucun coup de force n'a été opéré au sein du parti. « D'ailleurs, a-t-il précisé, le mot destitution est étranger au MDS. » Dans le discours de Meliani, qui tente d'apaiser les tensions, il y a, cependant, des non-dits et beaucoup de contrevérités. En effet, dans le procès-verbal de la réunion tenue le 21 avril par le bureau national, dont nous détenons une copie, il est écrit noir sur blanc que « le bureau a décidé de retirer sa confiance à Hocine Ali, secrétaire général par intérim et de mettre fin à ses fonctions à compter de ce jour ». Les signataires du PV reprochent au secrétaire général par intérim « ses prises d'initiative et ses positions engageant le mouvement sans aucune consultation ». Moins d'une semaine après cette réunion, soit le 27 avril, une session extraordinaire du conseil national a tourné au vinaigre. Selon Hamid Farhi, membre du bureau national, « sur les 60 membres du conseil, 35 ont quitté la réunion avant la fin des travaux ». Même les fédérations de wilaya, notamment celles de Annaba et de Skikda ont dénoncé, en des termes virulents, ce qu'elles qualifient de « coup de force » et de « putsch ». Le bureau fédéral de Annaba a noté, dans un communiqué transmis à notre rédaction, que « les arguments avancés pour destituer le SG par intérim ne sont pas justifiés et relèvent de pratiques putschistes étrangères à notre culture ». Cette instance a estimé, par ailleurs, que « les défaillances soulevées ne sont pas de la responsabilité exclusive de Ali Hocine mais de celle de toute la direction du mouvement ». Plus loin, les rédacteurs du communiqué considèrent « cette destitution » comme « une tentative de bloquer la tenue du congrès, et par là, alimenter une crise politique au sein du mouvement et empêcher, dans les faits, le redéploiement du parti ». Pis, la fédération de Annaba, qui insiste sur la nécessité de tenir le congrès à sa date prévue, « demande la démission collective du bureau national et appelle le conseil national et l'ensemble des fédérations à s'opposer à cette tentative supplémentaire de déstabiliser le mouvement ». Avec la même véhémence, la fédération de Skikda a souligné que « la destitution de Hocine Ali est une décision dangereuse, injustifiée, irresponsable et repose sur une arrière- pensée putschiste ». Pour les signataires du communiqué, « ce complot, qui ne manquera pas d'entraîner des tiraillements, risque d'ébranler les énergies de la base militante ». Pour eux, « les accusations portées à l'encontre de Ali Hocine ne visent ni plus ni moins que de nuire à sa réputation et de saper sa carrière politique ». Tout comme le bureau de Annaba, la fédération de Skikda a demandé le départ du bureau national et la tenue du congrès à la date prévue, c'est-à-dire, les 4 et 5 mai prochain.