Les maquis algériens offrent des refuges de choix pour la préparation physique et morale des futurs auteurs des attentats-suicide. Tout porte à croire que le récent coup de filet opéré au Maroc n'était que la face émergée d'un immense iceberg. Même si les éléments matériels concluants font quelque peu défaut, il est de plus en plus certain que le Maghreb en général, et l'Algérie en particulier, sont devenus la nouvelle plaque tournante de l'organisation terroriste d'Oussama Ben Laden, Al-Qaîda. Des révélations en cascade viennent conforter cette thèse. Les centaines d'activistes emprisonnés à Guantanamo se mettent à table au fur à mesure. La presse mondiale, à son tour, reprend en écho les déclarations d'officiels et de médias américains. On apprend, ainsi, que Ben Laden, même s'il n'est pas forcément mort, n'exerce plus le même contrôle sur son organisation terroriste. 7 de ses plus fidèles lieutenants, en revanche, ont pris le relais. Parmi eux figurent des Egyptiens, des Saoudiens et un Comorien. En tout, près de 200 éléments, très engagés dans l'activisme islamiste, ont quitté l'Afghanistan pour essaimer dans une soixantaine de pays au moins. Ils se trouveraient en contact, via différents canaux dont les portables et l'Internet, avec plus de 5000 activistes (dormants ou pas) ayant suivi des entraînements intensifs dans les bases d'Al-Qaîda. Ces dirigeants, affirment des rapports des services secrets américains repris par des journaux étrangers, font état de coalitions contractées entre les rescapés d'Al-Qaîda et les organisations terroristes algériennes, égyptiennes et pakistanaises. Ces alliances nouvelles font craindre le pire aux observateurs. L'expérience et l'argent des terroristes formés par l'organisation de Ben Laden, alliés tactiquement aux organisations criminelles algériennes annoncent des jours sombres pour l'avenir. C'est d'autant plus prévisible que parmi les activistes ayant transité par l'organisation de Ben Laden figurent pas mal d'Algériens. L'un d'eux, Ahmed Ressam, projetait d'organiser des attentats en Amérique. Les Franco-Algériens, récemment interpellés dans les Yvelines, font également partie du même réseau. Les perquisitions opérées en leur domicile ont permis de saisir une abondante documentation, un ordinateur, deux fusils à pompe et une arme d'épaule surmontée d'une lunette. Ces nouvelles alliances pourraient expliquer, ne serait-ce qu'en partie, la recrudescence terroriste inattendue observée en Algérie ces derniers mois. Elles expliqueraient aussi la reprise des attentats ciblés et des bombes en pleine capitale à un moment où l'hydre intégriste était donnée vaincue, sans la moindre chance de se reconstituer. Désormais, estiment les services secrets américains, ces organisations agiront en solo, elles ne seront plus contrôlées centralement depuis le démantèlement des bases d'Al-Qaîda en Afghanistan. C'est cette nouvelle forme d'organisation, ou d'inorganisation, qui fait que les attaques peuvent être attendues partout et à n'importe quel moment. Le choix des maquis algériens ne semble pas fortuit. Ils peuvent servir de base d'entraînement pour les éventuelles opérations-suicide, alors que la proximité du Vieux Continent faciliterait le passage des personnes, du matériel et des finances. Ce n'est donc pas un hasard si l'Europe parle de renforcement de la protection à ses frontières alors qu'aux Pays-Bas on va jusqu'à projeter de fermer des mosquées et de déplacer des imams. Le réseau démantelé au Maroc, selon les dernières révélations en date, ne se proposait rien moins que de rééditer «l'exploit» de l'«USS Cole», au détroit de Gibraltar par lequel transite une importante flotte de l'OTAN entrant ou sortant du chantier britannique de réparation navale basé à proximité de cette passe naturelle. L'opération, apprend-on, était même imminente lorsqu'une partie du groupe a été démantelée. Des groupes similaires se trouvent derrière l'attentat de Djerba en Tunisie alors qu'en Algérie les choses se présentent sous un jour un peu particulier. Les puissants de ce monde, bien conscients des nouveaux dangers qui guettent le monde entier, parlent d'une menace planétaire sans précédent. L'Algérie, une des plaques tournantes de cette menace, se trouve embarquée dans une nouvelle aventure alors même que la précédente n'est pas encore terminée.