Toujours sous le choc, la presse marocaine continue de découvrir, horrifiée, que ses années de flirt avec l'islamisme risquent de lui coûter très cher. La presse marocaine a réservé, hier matin, ses supermanchettes aux fracassantes révélations faites par des intégristes islamistes récemment interpellés par les éléments de la police judiciaire du royaume. Des dizaines, voire des centaines, de meurtres auraient ainsi été commis durant les années précédentes. La nébuleuse intégriste, aussi intolérante et dangereuse que les GIA algériens, qui trouvaient refuge, aide et soutien au Maroc, a semé la terreur dans diverses régions du pays. Des personnes, révèle-t-on, ont même été lynchées publiquement et en plein jour. Le peuple marocain et la presse de ce pays se réveillent avec la gueule de bois, après avoir usé et abusé de la langue de bois dans leurs relations avec les services algériens confrontés à la lutte contre ce fléau depuis plus de dix années. Le Maroc, attentats du 11 septembre obligent, découvre que des égorgements et des disparitions existent chez lui et sont même plus fréquents que ne le laissent croire les observateurs. Même les enfants n'échappent pas à cette folie meurtrière. Le groupe, dénommé «Salafia Djihadia » aurait des tentacules un peu partout dans le monde, suivant la dispersion bien connue du mouvement islamiste international. Cette organisation terroriste aurait déjà assassiné plus de 150 personnes depuis qu'elle a décidé de passer à l'action directe. Pratiquement, aucune région du Royaume n'est épargnée même si Fès et Casablanca semblent être les épicentres de ces groupes islamistes. Des personnes interpellées ont avoué des dizaines de crimes, poussant le «raffinement» jusqu'à révéler des lieux où auraient été enterrées certaines de ces malheureuses victimes. De véritables charniers existeraient dans certaines régions désertiques du Maroc, et du Sahara colonisé par le royaume chérifien. Le Maroc, à l'instar de certaines capitales occidentales, est en train de subir le retour de manivelle dû au laxisme affiché par rapport à ces groupes de criminels tant que ses intérêts directs n'étaient pas menacés et que seule l'Algérie en souffrait. Ces coups de filets, comme le craignent les médias marocains, viennent confirmer que les groupes déjà démantelés ne sont que la face émergée d'un gigantesque iceberg. Après des années de laxisme absolu, voire de soutiens directs et indirects à ces groupes de criminels extrémistes, les tentacules des «GIA marocains» doivent être tels qu'il sera peu aisé aux services de Sa Majesté d'en venir à bout. Les personnes interpellées, plusieurs dizaines à en croire des sources concordantes, reconnaissent toutes que de nombreux crimes ont déjà été commis et que des plans autrement plus élaborés sont en chantier. Le Maroc, qui se retrouve dans l'oeil du cyclone, fait du tapage médiatique autour de cette affaire dans le but, semble-t-il, de décrocher des aides financières et matérielles de la part des capitales occidentales revenues de leurs erreurs, et qui ont commencé à travailler en étroite collaboration avec l'Algérie dans le cadre de la lutte contre la criminalité islamiste. Le Maroc, de plus en plus isolé à l'échelle internationale à cause de la question du Sahara occidental et de l'îlot Persil, risque de trouver beaucoup de mal à s'en sortir au cas où le péril islamiste viendrait à se confirmer. Les cellules d'Al-Qaîda démantelées récemment, et qui projetaient des attentats contre des navires de guerre occidentaux à partir du détroit de Gibraltar, donnent toute l'amplitude du péril islamiste. Il donne l'air, en effet, d'avoir trouvé un autre sanctuaire après la chute du régime des taliban en Afghanistan. La très grande médiatisation des coups de filets opérés au Maroc peut se révéler néfaste au régime de Mohammed VI. Il devra, un jour ou l'autre, s'expliquer sur les soutiens directs et indirects accordés aux GIA algériens pendant de très longues années. En attendant, son isolement par rapport à la communauté mondiale ne pourra aller qu'en s'accentuant. Le tourisme, qui constitue l'une des principales sources de revenus du royaume, s'en ressentira lui aussi, d'autant que la nouvelle forme de tourisme au Maroc, mais aussi ailleurs dans le monde, consiste à organiser des raids dans des endroits désertiques, peu sécurisés et donc, forcément, sujets à d'éventuelles attaques terroristes. Particulièrement fragilisé depuis la résolution onusienne donnant raison au Front Polisario et l'affaire de l'îlot Persil, le régime de Mohammed VI risque même de céder sous la poussée intégriste. Car, il est vrai que les journaux marocains taisent beaucoup de choses, notamment les activités semi-clandestines des groupes intégristes acquis aux thèses de ces nouveaux GIA aussi dangereux que ceux qui ont endeuillé l'Algérie plus d'une dizaine d'années durant.