Les praticiens de la santé souhaitent l'intervention du chef de l'Etat pour dénouer la crise. La polyclinique d'Ihaddaden est en grève illimitée depuis le 24 février au même titre que les établissements publics de santé et de proximité de l'ensemble du territoire national. «Le mouvement est suivi à 80%.», selon un des responsables locaux de la section syndicale affiliée au Syndicat national des praticiens de la santé. A l'entrée de l'établissement, une banderole rend compte de la détermination des grévistes: «La grève se poursuivra si les pouvoirs publics ne consentent pas à dialoguer sérieusement.» le conflit entre dans sa quatrième semaine, mais le sens des responsabilités est assumé: un service minimum est assuré. La santé des malades passe avant tout. Il se dégage cependant de cette situation un climat plutôt tendu. Les élus et les responsables des partis politiques locaux ont leurs regards tournés exclusivement vers l'événement majeur que vit le pays: l'élection présidentielle d'avril 2009. Devant le silence du département de Saïd Barkat, les praticiens de la santé de la polyclinique lancent un appel aux plus hautes autorités: «Nous souhaiterions que le chef de l'Etat intervienne pour mettre un terme à ce conflit», nous a déclaré le vice-président du syndicat. Pour rappel, les doléances des praticiens de la santé ne datent pas d'hier. Au même titre que l'ensemble des autres syndicats autonomes, ils avaient rejeté la nouvelle grille des salaires adoptée dans le cadre du nouveau statut de la Fonction publique négocié par l'Union générale des travailleurs algériens comme seul partenaire social. Ils réclament sa révision. Ils insistent d'autre part sur un point qu'ils estiment incontournable: le respect et la reconnaissance des syndicats autonomes. Les revendications des grévistes s'articulent autour de leur statut et de leurs salaires. «Il y a une surexploitation du praticien de la santé qui fonctionne avec des moyens inadaptés par rapport à la mission dont il est investie. Nous souhaitons un cadre de vie adapté au praticien mais aussi au malade», a tenu à souligner le représentant de la section syndicale de Béjaïa. Selon les informations communiquées, la polyclinique d'Ihaddaden serait en sous-effectif. 60 généralistes et chirurgiens-dentistes y activent. Seulement 6 postes ont été créés pour l'exercice 2009 et qui se répartissent en 4 recrutements et 2 mutations. Le silence de leur tutelle par rapport à de telles conditions de travail est qualifié par l'ensemble de nos interlocuteurs «d'assourdissant». Ils se tiennent toutefois prêts à la négociation et ne ferment pas les portes du dialogue. Ils avouent cependant être «étonnés» du silence observé par les élus du peuple à l'instar de Abdelaziz Ziari, président de l'Assemblée nationale ou du ministre de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Communauté à l'étranger, Djamel Ould Abbès, tous les deux médecins de formation. Ces exemples cités pour «l'anecdote» n'occultent en rien le malaise dans lequel se morfond le secteur de la santé à travers le territoire national.