De la révision de la Constitution aux législatives anticipées, les propositions ne tarissent pas. S'ils sont unanimes à clamer la consolidation de la Réconciliation nationale, les candidats divergent sur la manière de la consacrer et de la transcender en une politique de gestion saine des affaires du pays. Bouteflika et ses partisans prônent la continuité et les «cinq» autres candidats se font les chantres du changement. Dans ce sens, Mme Louisa Hanoune propose des «élections législatives anticipées» pour la «consécration de la légitimité populaire». Ainsi, la candidate du Parti des travailleurs estime que le pays est encore sous l'emprise de «la légitimité révolutionnaire» et que le temps de la passation du pouvoir au peuple est venu. Laquelle passation ne peut se faire que par la voie du choix libre exprimé par l'urne. Réinstaurer la confiance entre le citoyen et les institutions de l'Etat passe, selon Louisa Hanoune, par une révision profonde du fonctionnement de ces mêmes institutions. En cas d'élection à la tête de l'Etat, Mme Hanoune promet de dissoudre l'Assemblée populaire nationale actuelle qui, selon sa lecture, est frappée du sceau de l'illégitimité car ne représentant que 35% de la population De son côté, Djahid Younsi, candidat du mouvement El Islah, opte pour une nouvelle révision de la Constitution. Pour consacrer l'alternance au pouvoir, le représentant du mouvement islamiste propose un septennat limité à un seul mandat pour la magistrature suprême du pays. Ce faisant, Djahid Younsi reprend à son compte l'une des revendications phares des signataires du contrat de Rome de 1995, à savoir les principales forces politiques (FLN, FFS, FIS, En Nahda et PT) et acteurs en vue de l'époque. Cette revendication consiste en la libération du champ politique et médiatique. Pour l'exécution d'une telle mesure, Djahid Younsi propose l'annulation de l'obligation de l'autorisation pour la création d'associations à caractère politique. Seulement, en politique, il est bien de constituer une force de proposition mais il est mieux d'avoir les moyens de porter et de transformer ses offres en des projets politiques consistants. Le reste n'est que littérature. A propos de littérature, un candidat qui ignore que l'auteur du célèbre roman Le fils du pauvre n'est autre que l'illustre écrivain algérien Mouloud Feraoun (voir L'Expression du samedi ndlr), est-il en mesure de présider aux destinées de toute une nation? Ce même candidat est allé jusqu'à inviter le président-candidat à une confrontation télévisée et en direct! Et si ce dernier lui posait la question sur l'auteur de La Grande Maison, par exemple? Circulez, il n'y a rien à voir! Pour sa part, Moussa Touati, candidat et président du Front national algérien, plaide pour l'instauration d'un système parlementaire. Le représentant du FNA croit dur comme fer que la «réhabilitation des institutions de l'Etat» demeure la condition sine qua non pour l'instauration d'un «système économique fiable basé sur la justice sociale et la répartition équitable des richesses». Toujours sur le plan économique, Mohamed Saïd, qui se présente pour la première fois à une élection présidentielle, offre de «créer des laboratoires pour encourager la recherche dans le domaine agricole d'une part et adopter une politique de l'eau garantissant une meilleure satisfaction des besoins de la population, à la faveur de la réalisation d'un plus grand nombre de barrage, d'autre part». Une telle orientation ne peut être réalisée sans l'élargissement des prérogatives des élus locaux. Sur ce point précis, Ali Fawzi Rebaïne, le président de AHD54, promet de renforcer le pouvoir des représentants du peuple aux Assemblées locales. Pour la consolidation de la Réconciliation nationale, le «candidat des pauvres», comme il aime à se définir, revendique «la levée de l'état d'urgence». Cinq projets différents pour un seul mot d'ordre: le changement. Reste à savoir ce que choisira le citoyen le jour du scrutin.