Une campagne électorale est toujours un événement particulier dans tous les pays du monde. En Algérie aussi, elle revêt un caractère particulier. Outre le fait qu'elle constitue un moment de rapprochement entre les électeurs, les partis politiques et les candidats, la campagne électorale se singularise par des dépenses importantes. Sillonner un pays tout entier et occuper les sites d'affichage exigent des moyens financiers colossaux. Si la loi prévoit le remboursement des dépenses aux candidats, qui obtiendraient un score supérieur à 5% du nombre des votants, ces derniers doivent cependant engager des sommes importantes. Mais alors d'où puisent-ils cet argent? Qui finance réellement la campagne électorale des candidats? Pour répondre à ces questions nous nous sommes rapprochés des directions de campagne de deux candidats. Lors d'une conférence tenue récemment au siège de la direction de campagne du candidat sortant Abdelaziz Bouteflika, Omar Allilat répondait à une question allant dans ce sens: «Le financement de notre campagne provient pour l'essentiel des aides et dons de industriels, des opérateurs économiques et des particuliers», ajoutant que «même des citoyens ont mis la main à la poche, une façon à eux de s'engager avec notre candidat». A cela s'ajoute sans doute, l'argent des partis qui le soutiennent, puisé des cotisations de militants et des élus. Sachant que le Front de libération nationale (FLN), le Rassemblement national démocratique (RND) et le Mouvement de la société pour la paix (MSP), détiennent à eux seuls la majorité des assemblées nationales et locales, l'on comprend bien l'aisance qu'affiche présentement le candidat sortant. Ce n'est pas le cas des autres candidats qui peinent même à ouvrir leurs permanences. A Béjaïa, sur les six candidats postulants à la magistrature suprême, seuls trois ont réussi à ouvrir au moins une permanence électorale. Fawzi Rebaïne, Mohamed Saïd et Djahid Younsi sont toujours inscrits aux abonnés absents. N'ayant pas de structures partisanes localement, ils éprouvent tout le mal du monde à se doter même d'un seul bureau de campagne, du moins pour l'instant. Louisa Hannoune du Parti des travailleurs (PT), et Moussa Touati du Front national algérien (FNA), ont emboîté le pas au candidat Abdelaziz Bouteflika sans pour autant parvenir à l'égaler sur le plan de moyens. M.Kerrouche, directeur de campagne du candidat Touati, expliquait hier que «l'argent de la campagne provient des cotisations de militants et sympathisants» précisant que «même le bureau national du parti n'a donné aucun sou». D'où ajoutait-il «toutes les difficultés rencontrées pour démarrer la campagne pour la présidentielle du 9 avril prochain».