Un conseil supérieur à l'amazighité, un nouveau système parlementaire, une renationalisation des hydrocarbures... Les candidats à la présidentielle ont sillonné les quatre coins du territoire national pour prêcher la participation au prochain scrutin. Les slogans ont pris des couleurs. «Pour une Algérie forte et sereine», le président-candidat Abdelaziz Bouteflika a choisi la couleur bleue. «Si l'identité est une question d'académie, on l'ouvre. Si c'est une question de conseil supérieur à l'amazighité, on l'ouvre également», a clamé le postulant à sa propre succession depuis Ouargla, à l'occasion de sa rencontre avec les notables de la région. C'est une déclaration à effet d'annonce, diront les plus sceptiques, d'autant plus que celle-ci intervient à la veille du périple électoral menant Bouteflika en Kabylie. En effet, le président-candidat a animé un meeting, hier, à Béjaïa. Un autre meeting du locataire d'El Mouradia est prévu pour demain à Tizi Ouzou. Les plus enthousiastes soutiendront qu'une telle déclaration est annonciatrice de mesures qui s'inscrivent dans un processus de réhabilitation de la culture berbère. Leur lecture repose sur le statut de langue nationale reconnu à la langue amazighe par la Constitution et le lancement récent d'une chaîne de télévision berbère (A4). «La révolution par l'urne». Moussa Touati n'en demande pas moins! Et pour mener à bien sa révolution, le candidat du FNA promet aux Algériens l'instauration «d'un Etat fondé sur la justice». Depuis Sétif, M.Touati a dénoncé le fait que l'«on continue d'importer de la main-d'oeuvre étrangère alors que notre jeunesse souffre de chômage chronique». Pour parer à cette situation, selon Moussa Touati, «il est impératif de rajeunir les institutions de l'Etat pour assurer une alternance entre les générations». Ainsi, le candidat propose un programme qui s'articule «sur sept points essentiels qui mèneront au changement». Pour le traitement de la crise multidimensionnelle qui frappe le pays, le président du FNA préconise «un retour au peuple à chaque fois que la situation l'exige». Trotskiste par l'idéologie et pragmatique dans la démarche, Mme Louisa Hanoune tente d'adapter les principes chers à la Quatrième internationale socialiste à «la realpolitik». Lors du meeting qu'elle a animé à Blida, la secrétaire générale du Parti des travailleurs a battu en brèche «la politique de privatisation menée par le gouvernement et qui a engendré la fermeture de centaines d'entreprises et la perte de milliers de postes d'emploi». A l'appui de la crise économique mondiale qui remet à l'ordre du jour l'interventionnisme de l'Etat dans l'économie, Louisa Hanoune plaide pour «l'aboutissement du processus de renationalisation des hydrocarbures et des sociétés et complexes cédés aux entreprises étrangères». Prônant lui aussi le changement, Mohamed Saïd a prévenu que «l'avenir de l'Algérie est tributaire du développement de l'agriculture et de l'exploitation optimale des terres agricoles». La politique économique du promoteur d'un «système parlementaire» s'étend sur l'assainissement du secteur public, la refonte du système monétaire et fiscal et la diversification des sources du revenu national. Tout en garantissant l'équilibre entre l'intérêt national et le mouvement des capitaux, Mohamed Saïd prévoit «la mise en place de mécanismes de régulation pour stimuler les investissements nationaux et étrangers». Le ton est à la rupture avec le mode de gestion actuel des affaires du pays pour Ali Fawzi Rebaïne. S'il est élu président de la République, le représentant de AHD 54 promet «d'ouvrir les portes du pouvoir à la génération montante, qui se trouve être animée de la volonté d'opérer le changement positif et garantir leurs droits à tous les citoyens». Ainsi, «le candidat des pauvres» se présente comme porte-flambeau de la génération montante de politiciens qui aspirent à présider aux destinées du pays. Sur ce registre, Djahid Younsi ambitionne lui aussi, de décrocher une place au soleil. Pour ce faire, le candidat d'El Islah s'est déclaré porteur d'un programme qui «vise à ancrer les constantes nationales, consolider les valeurs civilisationnelles de l'Algérie et protéger les symboles de la nation de toute atteinte». Six candidats et six programmes différents à la recherche des voix pour deux voies: le changement ou la continuité.