Les puissants de ce monde soutiennent les régimes totalitaristes sous le couvert de la lutte antiterroriste. Ni constituante ni congrès national, et encore moins de putsch. Le dialogue pour Taleb Ibrahimi doit «inclure tout le monde, y compris les dirigeants historiques de l'ex-FIS». «Il faut qu'ils comprennent (les décideurs) que le tout-sécuritaire a montré ses limites». La crise algérienne est beaucoup plus profonde qu'elle n'y paraît. «Le pouvoir souffre d'un déficit de légitimité. Il est en rupture totale avec le peuple qui le démontre tous les jours». Pour y remédier, celui qui connaît parfaitement le sérail, préconise la solution politique. Bien que dans la forme les propositions de Taleb comportent des similitudes avec celles de Bouteflika, et à un degré moindre celles du PT et du FFS, il précise que ses propositions diffèrent dans le fond. «Si l'on résout le volet politique avec un véritable dialogue et une véritable réconciliation, on pourra espérer un début de sortie de crise.» Le chef du parti Wafa a, toutefois, tenu à préciser sa conception de l'opposition politique. «Il faut faire de la véritable opposition traduisant les préoccupations populaires et non pas une opposition de façade qui sert d'alibi au pouvoir», a t-il déclaré en expliquant que «le pouvoir pourrait, s'il le voulait, récupérer un peu de sa crédibilité si vraiment il accepte l'existence, sur l'échiquier politique, de partis de l'opposition véritablement représentatifs. Ce qui ne semble pas être le cas malheureusement», a-t-il déclaré. Et d'ajouter: «La classe politique n'a pas joué son rôle et si le pouvoir organise un dialogue uniquement avec les partis de sa création, sa démarche sera frappée de nullité. Il faut y associer l'opposition véritable, mais aussi les personnalités nationales restées crédibles tout au long de leur vie.» Taleb Ibrahimi demeure convaincu, aujourd'hui plus que jamais, de la justesse des thèses des signataires du document de Sant'Egidio. «Le pays a raté une occasion en or en rejetant cette initiative.» Le fils de Cheikh Bachir Ibrahimi n'a pas manqué de dire que «le programme de Bouteflika n'a pas grande chance de réussir parce qu'il n'est pas porteur d'un projet de société». Cela étant, «le pouvoir sera obligé de poursuivre sa navigation à vue comme il le fait depuis le début de la crise». M.Ibrahimi demeure conscient que les «attentats du 11 septembre ont donné un souffle nouveau aux régimes dictatoriaux, puisque les puissants de ce monde, sous le fallacieux couvert de la lutte contre le terrorisme, ferment désormais les yeux sur les atteintes aux droits de l'homme et sur l'illégitimité des régimes qu'ils soutiennent. Il me semble que cette lutte antiterroriste revêt parfois l'aspect d'une croisade contre l'islam». «Il est fort à craindre, dès lors, que cet état de fait ne vienne à durer encore assez longtemps». Mais, pour Taleb, élevé au sein de la Révolution et du nationalisme, «l'espoir demeure de mise».