Des noms circulent d'ores et déjà sur le futur président de la haute Chambre du Parlement. Le Conseil de la nation se réunira en séance plénière, lundi prochain, pour constater la vacance du poste du président du Conseil, 20 jours après le décès, intervenu au lendemain de l'annonce des résultats des élections législatives, de Mohamed Cherif Messaâdia. Depuis le retour de cet ancien homme fort du parti unique sur la scène politique pluraliste, avec son installation à la présidence du Conseil de la nation, il devient évident que ce poste est révélateur des orientations dans le cercle de la présidence de la République. Il est de tradition aussi que ce poste soit réservé aux caciques du système. Des noms circulent d'ores et déjà sur le futur président de la haute Chambre du Parlement. La reconduction à son poste de ministre des Affaires étrangères évacue d'office le nom de Abdelaziz Belkhadem, pressenti auparavant par nombre d'observateurs pour figurer en tant que n°2 de la République. Belaïd Abdesselam, ancien Premier ministre du temps du HCE, est évoqué sans trop de conviction. Connu pour ses positions conservatrices à l'égard du traitement du dossier économique, lesquelles tranchent ave emmar et un Khelil au summum de leur pouvoir au sein de l'Exécutif, l'homme qui avait promis une économie de guerre et de restriction peut toutefois bénéficier du caractère imprévisible du Président de la République. Smaïl Hamdani semble, lui aussi, tout indiqué pour trôner au Sénat. Cet ancien Premier ministre a conduit la décisive transition Zeroual-Bouteflika et s'était chargé de la préparation des élections présidentielles de 1999. Reconduit à son poste après l'élection de Bouteflika pour une durée de neuf mois, il sera remercié et laissera sa place à Benbitour. Sa gestion de la transition présidentielle a fait ressortir ses qualités de dialogue et de maîtrise qui seront les bienvenues au Sénat, cela sans compter avec les bruits rapportant la sympathie que lui voue Bouteflika, notamment pour avoir organisé le référendum portant loi de concorde civile, si chère au Président. Boualem Bensaïeh, autre cacique du pouvoir, est, lui aussi, évoqué. Cet homme «fréquentable», qui a occupé plusieurs postes ministériels sous Chadli, passe pour un discret qui ne fera pas de l'ombre au Président, le ménageant ainsi, contrairement à un Belaïd Abdesselam, «forte tête», estiment les observateurs, qui risque de provoquer des vagues avec des déclarations intempestives. Vient enfin le nom d'Ahmed Ben Bella qu'on susurre avec insistance. Cette attention envers le premier Président de la République de l'Algérie indépendante est d'autant plus plausible que le 19 Juin, date du «redressement révolutionnaire» sanctionnant son renversement, a été passé cette année sous silence par l'Algérie officielle. Ben Bella serait, à la lumière de cette «re-relecture» historique, l'outsider que personne n'attendait. Son élection à la tête du Sénat donnerait à cette institution le cachet historique dont l'Etat tire sa substance depuis 62. Ce semblant de rapprochement entre Bouteflika et Ben Bella est conforté par les missions qui lui ont été échues par le Président, notamment celle en Afrique où Ben Bella devait convaincre les chefs d'Etat africains d'adhérer au sommet de l'OUA à Alger, une grande réussite diplomatique. Le poste de président du Conseil de la nation serait une juste reconnaissance à l'endroit de Ben Bella pour services rendus à la République.