Dès à présent, ces deux partis semblent décidés à gêner l'Exécutif dans la conduite des réformes. Dans une conférence de presse avant-hier au palais des Arts et de la culture Mohamed-Boudiaf de Annaba, le président d'El-Islah (Mouvement de la renaissance nationale, MRN), a expliqué son refus de faire partie du gouvernement Benflis après les législatives. Selon lui, «il est difficile pour (sa) formation de se désister de son programme». Il rejoint ainsi, l'autre formation politique de l'opposition représentée à l'Assemblée populaire nationale, le Parti des travailleurs (PT) de Louisa Hanoune, qui a décliné, lui aussi, l'offre de participation à ce second gouvernement de Benflis. Aux antipodes dans les programmes et dans l'idéologie, l'un cristallisant la droite religieuse, l'autre, l'extrême gauche ouvrière, Les deux partis entendent mener cependant, mais pas nécessairement ensemble, la vie dure au gouvernement au sein de l'APN où le FLN détient la majorité absolue avec 199 sièges. Avec 21 sièges pour le PT et 43 pour le MRN glanés lors du scrutin du 30 mai dernier, ces deux partis donnent un avant-goût de ce que sera leur rôle tant à l'Assemblée que sur le front de la scène politique algérienne, dans les semaines et les mois à venir En fait, bien avant les résultats de ces élections, les positions politiques de ces deux formations étaient déjà connues. Les deux partis étaient très critiques à l'égard des pouvoirs publics en place aussi bien sur le plan politique que dans le domaine économique. Et, aujourd'hui, à la faveur de cette décantation qui semble s'opérer progressivement, les deux partis tentent d'être cohérents avec leurs programmes électoraux respectifs. Acceptant de siéger à l'APN tout en critiquant les résultats des élections, notamment le volet relatif aux recours introduits auprès du Conseil constitutionnel, mais non satisfait à leurs yeux, ces deux formations vont tout faire pour exploiter à fond toutes les éventuelles erreurs de parcours de l'actuel Exécutif. Dès maintenant, le patron d'El Islah s'en est pris aux orientations politiques du gouvernement Benflis après l'annonce de la composante humaine de ce dernier. Pour lui, «le gouvernement comprend des personnalité qui, à travers le projet de réforme du système éducatif de la commission Benzaghou, tentent de faire revenir la France par la grande porte». Ou encore «la prochaine étape sera encore plus difficile que la décennie passée», en termes de détérioration de la situation sociale du pays et de propagation des fléaux sociaux. Mais, le plus grand différend qui oppose le MRN au FLN a trait au fameux projet présidentiel de la réconciliation nationale avec ses différents aspects relatifs aux prisonniers d'opinion ou à la question des disparus. Le PT, lui, de par sa très rapide réaction aux récentes informations de presse annonçant la réactivation du décret portant nouvelle tarification des soins dans les hôpitaux, a montré que la formation de Louisa Hanoune n'entend pas faire de cadeaux à l'Exécutif formé par Benflis. A ce propos, faut-il rappeler que cette formation, qui met en avant les postulats de base de son programme politique, a déjà martelé qu'elle ne pouvait participer à un gouvernement qui, en matière économique, a des options ultralibérales, obéit sans résistance aux institutions internationales et surtout se désengage complètement de la protection sociale des travailleurs et des démunis. Or, ces derniers constituent, selon ce parti, la grande masse de ses militants. En somme dès à présent, le MRN et le PT semblent partis pour gêner l'Exécutif dans la conduite des réformes politiques et économiques qu'il entend d'ailleurs accélérer. A moins que tout ce discours oppositionnel ne soit proclamé que pour maintenir en l'état la mobilisation des militants des deux partis en vue de la très prochaine échéance électorale, celle des communales qui approche à grands pas.