Les collectifs de défense des sans-papiers dénoncent l'interprétation arbitraire faite par l'Etat français quant à l'accord bilatéral franco-algérien de 1968. Plusieurs dizaines d'Algériens sans papiers ont répondu, hier, à l'appel lancé par les collectifs de défense des Algériens sans papiers, tels que «Droits devant!!», la «Coordination 93 des sans-papiers» le «Comité des Sans-logis»(Cdsl), en se rassemblant devant le siège du consulat général d'Algérie à Jaurès, dans le XVIIIe arrondissement de Paris. La mobilisation des Algériens sans papiers fait suite au mouvement de grève lancé le 15 avril 2008 par des milliers de travailleurs sans papiers, dont 2000 ont, depuis, obtenu leur régularisation en application de l'article 40 de la loi Hortefeux de novembre 2007 et de la circulaire du 7 janvier 2008, posant les bases d'une régularisation de sans-papiers travaillant dans les 151 métiers classés en «tension» par le gouvernement (BTP, nettoyage, restauration, aide à la personne...) Dans une déclaration distribuée aux passants, les collectifs représentant les Algériens sans-papiers dénoncent la discrimination qui les frappe et trouvent que «la victoire exemplaire, arrachée grâce à la lutte de ces travailleurs» est néanmoins insuffisante car des dizaines de milliers de sans-papiers algériens vivant et travaillant en France se trouvent injustement exclus de cette régularisation. «La raison de cette discrimination repose sur l'interprétation arbitraire faite par l'Etat français quant à l'accord bilatéral franco-algérien de 1968, modifié en 1995 et 2001» soulignent-ils. Face à cette injustice, condamnée par la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité (Halde) le 15 septembre 2008, des centaines de ces sans-papiers algériens ont décidé de s'unir et de se mobiliser pour que cessent les expulsions et qu'ils soient régularisés. Les manifestants brandissaient des banderoles sur lesquelles on pouvait lire: «Nous vivons ici, nous travaillons ici, nous resterons ici» ou «Régularisation pour tous les Algériens». Deux revendications ont déjà fait l'objet d'une lettre ouverte adressée à M.Bouteflika, président de la République algérienne, en juin 2008. Les représentants des Algériens sans-papiers ont été reçus par le consulat général à Paris, le directeur du Centre culturel algérien, l'ambassade d'Algérie en France et la Préfecture. Lors de cette rencontre, ils ont «rappelé combien cette discrimination était intolérable au regard des pères et grands-pères de ces sans-papiers, morts par milliers sous les drapeaux français ou qui ont reconstruit, à vil prix, la France de l'après-guerre». Les collectifs de défense des droits des sans-papiers algériens, dans une plate-forme, ont exigé que «le gouvernement français respecte l'égalité de traitement entre les travailleurs sans-papiers et régularise les Algériens au même titre que leurs autres camarades; que les 18 consulats d'Algérie en France cessent de délivrer à la police française les laissez-passer provoquant l'expulsion des sans-papiers algériens, synonyme de violence, d'humiliation et de spoliation et que, à la veille de l' élection présidentielle du 9 avril en Algérie, le gouvernement algérien, qui a les moyens économiques et politiques, refuse cette discrimination qui touche des dizaines de milliers de compatriotes vivant et travaillant en France depuis des années».