De l'UMP au PS en passant par le candidat centriste, la victoire est loin d'être assurée avec un électorat très volatil. C'est parti. La campagne électorale pour la présidentielle a,officiellement, démarré, hier, en France. Les candidats à l'Elysée n'auront plus droit à l'erreur durant ce dernier tournant. Comment attirer le maximum de voix dans ses rangs? Telle est la lourde mission que doit remplir chaque candidat pour assurer le passage à l'Elysée. Surtout que rien n'est garanti jusqu'à présent. Selon le dernier sondage publié dimanche dernier, quelques dix-huit millions d'électeurs, soit plus de quatre Français sur dix (42%), n'ont toujours pas choisi leur candidat tant ils pourraient, souligne le sondage, changer d'avis au dernier moment. Certains (20% d'entre eux) risquent même de s'abstenir, faute d'avoir trouvé «le candidat» idéal. L'étude indique que 58% des personnes interrogées sont «tout à fait sûres» de leur choix et dessinent les contours de l'électorat indécis. Les jeunes de moins de 30 ans représentent à eux seuls 56% contre 47% de seniors indécis. En effet, ce sondage qui intervient à la veille du lancement de la campagne électorale, met les candidats sur la même ligne de départ. Comme il démontre que tous les efforts déployés par les candidats, durant presque un mois, se sont révélés vains. Les douze candidats doivent reprendre à zéro leur travail de sensibilisation durant cette dernière ligne droite. Contrairement à l'étape précédente, ils sont appelés, cette fois-ci, à développer une nouvelle méthode dans leur discours de campagne. Pas de place aux critiques et aux expressions trop familières! Les candidats doivent mesurer, désormais, leurs propos et éviter toute déclaration évasive sur les sujets ayant trait à l'identité nationale. Ils sont plutôt appelés à se concentrer beaucoup plus sur les préoccupations quotidiennes des citoyens. Déçue par l'échec des responsables politiques à répondre aux préoccupations socioéconomiques, la population française éprouve du mal à se réconcilier avec le système politique. Que ce soit pour les quatre candidats en tête des sondages ou pour les autres, le défi est le même. De l'UMP au PS en passant par le candidat centriste, la victoire est loin d'être assurée avec un électorat très volatil. D'après le même sondage, parmi les quatre candidats crédités des meilleurs scores au premier tour, c'est chez les électeurs de François Bayrou (UDF) que l'on trouve la plus forte proportion d'indécis (52%). La part des électeurs pouvant encore changer d'avis est relativement la même pour les trois autres candidats: 38% d'indécis parmi les électeurs de Ségolène Royal (PS), 35% pour Nicolas Sarkozy (UMP) et 32% pour Jean-Marie Le Pen (FN). S'expliquant sur la volatilité de l'électorat, le directeur général de l'institut de sondages CSA, Roland Cayrol, dira: «les candidats ont du mal à cristalliser sur leur nom les électeurs potentiels...il y a même 7 à 8% de Français qui hésitent entre Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal et François Bayrou.» Pour cet expert, la nouveauté qui marque cette période est le phénomène Bayrou. «Les électeurs qui se sont ralliés à lui, en provenance soit de la gauche soit de la droite, ont pour le moment l'intention de voter pour lui. Mais ce n'est pas une habitude ni un choix ferme. La marge de progression -ou de régression- de Bayrou est la plus forte. Il peut terminer entre 12 et 29%», précise-t-il, en rappelant que 17% des Français ont confié, en 2002, avoir fait leur choix définitif, le jour même du scrutin. Par ailleurs, l'ouverture de la campagne officielle est marquée automatiquement par la publication des affiches des candidats sur les panneaux officiels installés dans toutes les communes de France à proximité des 85.000 bureaux de vote. Grande première pour cette élection - et signe aussi d'un certain recul du militantism - une société privée, le groupe américain Clear Channel, numéro 1 mondial de l'affichage publicitaire, qui a obtenu de tous les candidats, le droit de coller ces affiches officielles, près d'un million au total.