L'aisance financière de l'Algérie ne doit pas reléguer au second plan la question de la gestion des ressources. Le futur locataire du palais d'El Mouradia sera appelé à poursuivre les efforts de développement du pays dans un contexte de crise économique mondiale et de raréfaction des ressources financières. Pourtant, la focalisation sur l'aspect strictement financier du problème du développement économique et social est loin de susciter l'adhésion de tous. Certains secteurs ne sont pas nécessairement dépourvus de mannes financières importantes, mais leurs responsables se plaignent des lacunes dans la gestion des ressources humaines et des imperfections dans la formation des cadres. On en veut pour exemple Algérie Télécom dont le premier responsable a admis récemment que l'un des problèmes majeurs de gestion de son entreprise réside dans la faiblesse de qualification des cadres. Cet aveu renseigne sur le fait que le cas est assez grave à tel point qu'il est fait appel à une campagne de formation. Ce cas n'est pas isolé en Algérie. Le ministre des Travaux publics est parvenu à la même conclusion en annonçant clairement un manque d'ingénieurs qualifiés pour l'étude et le suivi des projets programmés. Moderniser le pays et améliorer le niveau de vie des citoyens voudraient dire aussi que ces derniers sont aptes à intégrer les innovations techniques, faute de quoi les retombées des politiques volontaristes seraient d'une portée limitée. Là aussi, on peut s'inspirer du cas des clients d'Algérie Poste réticents à intégrer les bienfaits des moyens modernes de paiement en boudant, dans une grande proportion, l'utilisation des cartes magnétiques. Par quelle stratégie cette molle adhésion au changement peut-elle être dépassée? Pour l'instant, la seule réponse proposée par les candidats à l'élection présidentielle semble celle de multiplier l'offre de toutes sortes de produits et services en espérant qu'un cercle vertueux puisse s'instaurer pour réconcilier le citoyen, producteur et consommateur, aux nouvelles donnes en le plaçant au coeur de leurs préoccupations. Les promesses d'augmentation des salaires sont déjà un bon début. Une fois que ces préalables seront remplis, la vigilance devra être de mise pour ne pas tomber dans une inflation excessive. Lors des années à venir, l'Algérie dans l'économie mondiale ne manquera pas d'être placée au-devant de la scène. Ne pas céder à la dérive des importations pour ne pas gaspiller les ressources collectées est déjà un chantier énorme car le risque est grand de voir une bonne partie des 150 milliards de dollars alloués au développement profiter à la main-d'oeuvre étrangère. La réhabilitation de l'outil de production public et privé est un passage obligé lors du prochain quinquennat pour que l'offre proposée aux Algériens comporte aussi du «made in bladi». Le ton est déjà donné par les instructions du Premier ministre afin de tenter de remettre l'entreprise algérienne au centre de la politique économique. Là aussi, les candidats à cette élection ont bien défendu l'idée de patriotisme économique au risque de contrarier les ambitions de l'Algérie sur certains dossiers au plan mondial. Tout l'enjeu est de savoir si la résistance aux sirènes des tenants du plus de libéralisme, pourra durer longtemps. Le futur gouvernement doit, en effet, se pencher à nouveau sur le dossier de l'adhésion de l'Algérie à l'OMC au milieu d'une vague de pressions axées sur les prix intérieurs du gaz et de l'importation des véhicules sans restriction, pressions que le gouvernement a rejetées jusque-là. Ce dernier refuse aussi de se lamenter sur le sort de l'Algérie au moment où les recettes des hydrocarbures devraient baisser de plus de moitié par rapport à 2008 (78 milliards de dollars). Pour compenser ces pertes, la priorité sera accordée à la transformation des potentialités existantes en matière d'agriculture, d'industrie ou autres, en véritables moteurs de la croissance, non sans un mode de gestion plus rigoureux.