Ils ont pour capital de départ la confiance. Les travailleurs de l'éducation et les enseignants grévistes du supérieur sont invités par leurs tutelles respectives. L'urgence est du côté de l'université où la question du report ou non des examens reste posée jusqu'au 29 juin courant. Rien qu'à Bab Ezzouar, plus de 2000 signatures sont réunies par les étudiants qui préfèrent reporter les épreuves à septembre prochain. Néanmoins et en dépit du mot d'ordre de grève décrété par le Cnes dès le 11 mai dernier, nombreux sont les enseignants qui gardent encore l'espoir d'en finir avec cette année universitaire plutôt perturbée. Ils attirent l'attention sur toutes les soutenances de mémoires gâchées ainsi que les départs des majors de promotion à l'étranger qui se voient ainsi sérieusement compromis. «Cette grève devient cyclique à l'université, et ce sont les étudiants qui sont pénalisés», nous dit une enseignante à l'Usthb (Université des sciences et de la technologie Houari-Boumediene). Tout en reconnaissant les revendications socioprofessionnelles du Cnes, les étudiants, ballottés entre les enseignants grévistes et l'administration qui tient coûte que coûte aux examens, ont même adressé une pétition au ministre de l'Enseignement supérieur faisant valoir l'option du report. Hier donc, les représentants du syndicat des enseignants du supérieur étaient conviés à un tour de table avec le nouveau ministre, le Dr Harraoubia. Les enseignants n'ont jusqu'à maintenant donné aucune interprétation au geste de la tutelle, vu que plusieurs lectures sont encore permises en l'absence de tout communiquer de part et d'autre. S'il fallait se fier à l'expérience, nombreux sont les étudiants qui se disent sceptiques quant à un retour rapide à la normale. D'autant que l'administration a déjà procédé au gel des salaires et que le partenaire social décide de saisir le Conseil d'Etat pour faire valoir ses droits syndicaux. Néanmoins, il est à retenir que le nouveau chef du département de l'Enseignement supérieur a plutôt «la cote» avec les universitaires même si une infime partie d'entre eux reste sceptique quant aux changements qui pourraient advenir dans le secteur. Le Dr Rachid Harraoubia, ce membre dissident du FLN et ancien du groupe «réconciliateur» d'Abdelhamid Mehri, a été professeur et recteur de l'université d'Alger. Tayeb Louh est également l'autre homme qui pourrait jouer un rôle non négligeable dans le dossier brûlant de l'université algérienne, car les syndicalistes qui lui font confiance misent beaucoup sur lui. Ce dernier était un ancien magistrat qui s'est battu pour le droit à la liberté provisoire et a dirigé le Syndicat national des magistrats. Il est aujourd'hui ministre du Travail et de la Protection sociale, au même titre que Nouredine Salah désigné à l'Education, et faisant partie de la commission Benzaghou (Cnrse) de réforme de l'éducation. Tous ces hommes ont été choisis avec soin pour figurer dans l'actuel Exécutif. Ils ne peuvent qu'avoir les coudées franches. Ils ont tous les trois pour capital de départ la confiance. Les espoirs seraient permis.