L'émissaire spécial américain pour le Proche-Orient ne devrait pas prendre pour argent comptant les allégations du Makhzen sur la violation du cessez-le-feu par le Front Polisario. La lumière est faite sur les gesticulations du Royaume du Maroc à propos d'une prétendue violation du cessez-le-feu par le Front Polisario. Mohammed VI devait recevoir hier l'émissaire spécial américain pour le Proche-Orient. Selon le porte-parole du département d'Etat américain, l'escale marocaine fait partie de la tournée de George Mitchell au Proche-Orient. «Je pense que le sénateur Mitchell est en route vers le Maroc et aura des discussions évidemment avec les autorités marocaines». Nul doute que même si le conflit du Moyen- Orient est au coeur de ces consultations, celui qui concerne le Sahara occidental ne passera pas sous silence surtout que le terrain y a été soigneusement préparé. La dernière manoeuvre date de moins d'une semaine. Une marche à laquelle ont participé plus de 1400 membres d'ONG espagnoles pour dénoncer le «mur de la honte» érigé par les autorités marocaines et qui coupe en deux les territoires sahraouis fut dénoncée par le trône alaouite comme une violation du cessez-le-feu. Il fallait bien trouver quelque chose à se mettre sous la dent et à agiter à la face de la nouvelle administration américaine qui ne semble pas comme la précédente vouloir accorder un blanc-seing aux thèses marocaines. Le Front Polisario a vivement protesté contre les accusations du Maroc. «Contrairement aux allégations de Rabat, ce qui s'est passé vendredi n'était qu'une manifestation pacifique de civils sahraouis et étrangers qui n'étaient ni armés ni munis de détecteurs de mines et n'ont pas tiré un seul coup de feu», a affirmé son représentant à l'ONU dans un message de protestation qu'il a adressé au Conseil de sécurité. La diplomatie sahraouie ne s'en laisse pas conter et elle a prouvé qu'elle pouvait mener ses missions à bon port. L'ex-envoyé spécial au Sahara occidental, Van Walsum, ne l'a-t-il pas appris à ses dépens lorsqu'il avait déclaré en 2008 à l'issue du IVe round de négociations entre le Front Polisario et le Maroc, à Manhasset, que l'indépendance du Sahara occidental était irréaliste. Sa mission a pris fin en août 2008 après une vigoureuse riposte des diplomates sahraouis. Et ce n'est certainement pas ce dernier pétard mouillé des autorités marocaines qui, de surcroit, n'arrêtent pas de tenter d'impliquer l'Algérie qui reste sourde à ce qui ressemble à des appels du pied, qui va tempérer leurs ardeurs. Contre les mensonges tissés de toutes pièces par le colonisateur marocain, ils donnent la véritable version des faits: «Plusieurs jeunes Sahraouis ont été blessés par l'explosion de mines antipersonnel posées par le Maroc et l'un deux a été amputé du pied» a expliqué le représentant du Front Polisario à l'ONU. «Rabat a délibérément déformé cette manifestation pacifique afin de la présenter comme une violation du cessez-le-feu» a ajouté Ahmed Boukhari. Pourquoi n'accorderait-on pas toute la crédibilité qu'elle mérite à cette mise au point aussi importante que nécessaire? Les réfugiés sahraouis de Tindouf n'ont-ils pas été qualifiés de «séquestrés» par les autorités marocaines et tous ceux qui ont prêté allégeance au trône? George Mitchell, reçu hier par le Président Abdelaziz Bouteflika, peut le contrôler et ne pas prendre pour argent comptant les déclarations mensongères de Rabat. Les choses sérieuses commencent pour Mohammed VI.