Le Front Polisario a averti, hier, contre la proposition marocaine d'une autonomie, ce qui représente une violation des principes qui ont conduit à un cessez-le-feu en 1991. Dans une déclaration à El Watan, depuis les camps de réfugiés sahraouis, à Rabouni, le président de la RASD, Mohamed Abdelaziz, a rejeté la proposition marocaine d'un projet d'autonomie au Sahara-Occidental, qualifiant cette offre de « manœuvre visant à contourner la légalité internationale, pour défier l'ONU ainsi que le peuple sahraoui ». Le secrétaire général du Front Polisario estime que « celle-ci (la proposition, ndlr) ne mérite même pas d'être discutée ». « Le ministre des Affaires étrangères marocain est en train de divaguer après trente années de colonialisme marocain au Sahara-Occidental. Il piétine, en l'absence d'une conception cohérente, renouant avec les vieilles manœuvres qui ont été détruites pendant ces trente années de guerre de libération », a-t-il dit en réponse à la lettre du ministre marocain des Affaires étrangères, Mohamed Benaïssa, adressée, avant-hier, au secrétaire général de l'ONU. M. Benaïssa s'est permis dans cette lettre d'attirer l'attention de l'Organisation des Nations unies « sur la gravité des agissements, observés, selon lui, dans les zones-tampons, des autres parties au différend du Sahara qui se sont écartées de la légalité internationale et dressent de plus en plus d'obstacles devant les efforts de la communauté internationale pour parvenir à la solution politique négociée de la question sahraouie ». Il a estimé, en outre, que « ces parties devraient s'acquitter de leurs obligations, s'abstenir de passer des accords ou des contrats relatifs au territoire et faire preuve de volonté politique nécessaire, en s'impliquant dans la négociation souhaitée et voulue par la communauté internationale ». Mohamed Abdelaziz a qualifié les propos de M. Benaïssa de « bluffe qui ne peut que montrer davantage son caractère colonial et son incapacité de sortir de cette situation dans laquelle il s'est embourbé pendant quarante ans ». A ses yeux, le royaume chérifien utilise « cette autonomie en tant qu'élément pour cacher son caractère de hors-la-loi, de refus de la légalité internationale et pour cacher son fiasco sur le terrain dans les zones occupées du Sahara-Occidental ». De son côté et de New York, le représentant du Front Polisario, Mohamed Boukhari, a déclaré que la proposition marocaine « est mort-née », insistant sur le fait que « celle-ci n'a pas de possibilité d'avancer, ni d'obtenir de concours, ni d'acceptation du Front Polisario ». Le président de la RASD rappelle que cette « autonomie » a été refusée le 17 juin 1970 à la puissante métropole européenne, l'Espagne. Le Front Polisario ne reconnaît, en revanche, selon lui, que le droit à l'autodétermination par la voie d'un référendum. « Tant que les Sahraouis n'ont pas eu le droit de s'exprimer librement pour choisir leur destin en tant que colonie, en tant que territoire non autonome, aucune force ne peut leur proposer une autonomie », a-t-il insisté. La solution, selon lui, réside dans l'organisation d'un référendum d'autodétermination pour le peuple sahraoui, estimant que « si ce dernier choisit de s'intégrer au Maroc, alors Rabat peut lui proposer une autonomie si elle le souhaite ».