L'occasion est à nouveau offerte aux autorités marocaines de faire preuve de bonne foi. C'est le «baptême du feu» pour le successeur de Peter Van Walsum, ex- envoyé spécial du Secrétaire général de l'Organisation des Nations unies. Le diplomate américain a pris son bâton de pèlerin pour prendre acte de l'état d'esprit des principaux belligérants du conflit du Sahara Occidental, en l'occurrence le Front Polisario et le royaume du Maroc, et de leur disponibilité à reprendre le chemin de la table des négociations. «Après ses réunions à New York, la semaine dernière, avec le secrétaire général, les membres du Conseil de sécurité et les parties en conflit, l'envoyé spécial du secrétaire général pour le Sahara Occidental, Christopher Ross, s'est envolé pour la région aux fins de consultations devant débuter demain à Rabat», a fait savoir mardi Michèle Montas, la porte-parole du Secrétaire général des Nations unies, lors d'un point de presse. Un périple qui devrait le mener de Rabat à Tindouf, Alger, Madrid puis enfin Paris. Le représentant personnel de Ban Ki-moon pour le Sahara Occidental poursuivra le cours de ses consultations au siège des Nations unies dès son retour à New York. Pour l'instant, on se limite aux formules d'usage et à la courtoisie qu'impose une certaine culture de la diplomatie. C'est ce qui se passe du côté de la capitale marocaine. «Christopher Ross rencontrera au Maroc la même disponibilité d'esprit et la même bonne foi demandées par le Conseil de sécurité pour faire avancer le processus de négociations», a indiqué Khalid Naciri, porte-parole du gouvernement marocain et ministre de la Communication. La partie n'est cependant pas aussi simple que cela, à moins que les négociateurs marocains aient assoupli leur position. Rien ne l'indique pour l'instant. Le Maroc s'agrippe à son projet de large autonomie contre vents et marées. Du coup, ce sont les trois dernières résolutions votées par le Conseil de sécurité (1754, 1783, 18123) qui se retrouvent malmenées puisqu'elles appellent à la tenue d'un référendum pour que le peuple sahraoui puisse s'exprimer librement sur son destin. La question de l'autodétermination est incontournable pour les négociateurs du Front Polisario qui se réfèrent avant tout au respect de la légalité internationale. Ahmed Boukhari, le représentant du Polisario aux Nations unies, a rappelé au nouveau médiateur du SG de l'ONU. «C'est au peuple du Sahara occidental de choisir son avenir», a insisté le représentant de la cause sahraouie. Il faut rappeler que les quatre rounds de négociations qui ont eu lieu à Manhasset, une banlieue de New York, ne se sont soldés par aucune avancée notoire en vue d'un règlement définitif de ce conflit qui perdure depuis 34 ans. Le Maroc qui a annexé le Sahara Occidental suite au départ précipité des colonisateurs espagnols, se refuse à toute idée d'indépendance de ce territoire. Le Front Polisario qui avait décidé de mener une guerre de libération par les armes, a finalement accepté un cessez-le-feu mis en place sous l'égide de l'ONU en 1991. Le référendum d'autodétermination prévu par les textes des résolutions du Conseil de sécurité est resté lettre morte. Le Maroc qui a fait un pas en arrière dans le processus de négociations avec sa proposition unilatérale de projet d'une large autonomie s'est mis en porte-à-faux des orientations souhaitées par l'organisation des Nations unies. Christopher Ross aura la redoutable mission de le faire ramener à de meilleures dispositions.