Pour sauver la Terre, il faut être des écocitoyens et non des égocitoyens, a plaidé le professeur Chems Eddine Chitour. L'Algérie souffre de graves incohérences en matière de gestion de son avenir énergétique. C'est ce qu'a confié à L'Expression le professeur Chems Eddine Chitour de l'Ecole nationale polytechnique. Ce dernier s'est en effet interrogé, en marge de la 13e Journée de l'énergie organisée, hier, à Alger: «Quel est le modèle énergétique de l'Algérie de 2030?» Il a alors expliqué qu'en dépit de la bonne volonté et des initiatives de certains acteurs clés comme Sonelgaz ou l'Aprue, les efforts demeurent incohérents et n'obéissent à aucun modèle énergétique arrêté. Selon lui, les exemples illustrant cette réalité ne manquent pas, à l'instar de la construction du million de logements ou des mille kilomètres de l'autoroute Est-Ouest. Autant d'infrastructures auxquelles ont n'a pas réellement prévu d'intégrer dans leur réalisation des dispositifs écologiques comme le chauffage à l'énergie solaire ou l'encouragement de la consommation du GPL le long du tracé autoroutier du siècle. M.Chems Eddine Chitour, en sa qualité de directeur du laboratoire de valorisation des énergies fossiles, à l'Ecole nationale polytechnique, a surtout livré un exposé plein d'enseignements et où il a décrit une planète Terre qui s'essouffle à cause de la démesure du monde occidental. Ce dernier a fait «accuser» à l'humanité une énorme dette écologique. C'est donc dans un langage presque alter-mondialiste que l'orateur a dénoncé la schizophrénie des pays les plus nantis, lesquels plaident pour une diminution des gaz à effet de serre tout en étant les plus pollueurs. Néanmoins, le conférencier a évoqué l'émergence d'une nouvelle conscience écologique universelle en affirmant que «l'espoir est permis avec Obama!» dont l'ère annonce la relance des énergies renouvelables. A coup de calculs scientifiques et d'études prospectives, le rapport du polytechnicien a dressé un scénario où il fait ressortir que la planète Terre verra, dans tous les cas de figure, un réchauffement climatique. Ce dernier aura pour corollaire un stress hydrique qui s'étendra du Maghreb à l'Arabie Saoudite. Seule alternative à ce tableau-catastrophe, l'économie d'énergie et des ressources hydriques, mais surtout l'avènement du nouveau concept qu'est l'écocitoyenneté, soit un choix économique et social qui garantira le développement durable car charriant de nouveaux principes, notamment une nouvelle gouvernance, un commerce équitable, l'option pour une économie verte, la responsabilité et son principe de pollueur payeur, de même que l'instauration du respect des différentes cultures du monde et où le durable passera avant l'éphémère. Ce concept inédit se voudra également un choix de société qui rompra avec le mode de consommation effrénée et où la solidarité ne sera pas un vain mot. On rappelle que la Journée nationale de l'énergie a d'abord pris naissance à l'Ecole nationale polytechnique et a fini par s'externaliser au bout d'une vingtaine d'années. Cette même école dispose de plus de 160 enseignants qui sont tous de rang magistral. Ont participé à cette 13e Journée de l'énergie M.Nouredine Bouterfa, président-directeur général de Sonelgaz, le professeur Ghania Nezzal et Faycal Abbas, secrétaire général au ministère de l'Energie et des Mines.