La crise économique internationale est si universelle qu'elle nourrit une réflexion qui ne l'est pas moins. L'unanimité s'était faite autour du constat que la crise est d'autant plus grave que personne ne l'avait prévue et que, de surcroît, elle touche toutes les économies de la planète sans distinction. Les pays du Maghreb dont l'Algérie, économiquement liés à ceux de l'Union européenne ne pouvaient pas s'en exonérer, même si l'impact dont ils s'en ressentent est plus supportable qu'ailleurs. Mais, nul, parmi les nombreux intervenants dans le débat, ne s'est hasardé à pronostiquer une échéance ou, pour dire les choses plus crûment, une perspective si approximative soit-elle pour que les uns et les autres puissent enfin voir le bout du tunnel. Aussi, mercredi 14 avril, le président du Cnes, Mohamed Seghir Babès, remettait au Premier ministre, Ahmed Ouyahia, un rapport sur le e-Algérie. Son contenu est si urgent que les autorités algériennes semblent se projeter vers l'après-pétrole. Le programme e-Algérie 2013 a pour objet, en effet, «d'identifier la stratégie adoptée à l'effet de permettre à l'Algérie d'organiser sa mutation vers la société et l'économie numériques». L'une des dix commissions ad hoc spécialisées, mises en place par le Cnes, a examiné, durant trois mois, de «façon approfondie» les différents aspects du dossier en question. Au cours de ses travaux, la commission a tenu «une longue séance de travail, qui a réuni ses membres avec le ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication». L'avis du Cnes fera l'objet d'une publication au J0 dans une vingtaine de jours selon son président qui s'exprimait hier sur la Chaîne III dans le cadre de l'émission «En toute franchise». L'invité de cette émission qui n'a pas voulu s'étaler sur ce rapport préférant laisser l'exclusivité au Premier ministre, n'en a pas moins dévoilé quelques aspects du rapport: «Ce rapport, dit-il, et tant pis pour les esprits chagrins, vient de montrer que le pouvoir d'achat a connu une avancée incontestable, voire indéniable.» La question de l'économie après- pétrole vers une économie fondée sur la connaissance et le savoir semble devenir une «alternative aussi urgente», selon les propos de Babès, parce que, ajoute-t-il «notre pays accuse un retard colossal et souffre de quelques contraintes d'ordre légal et réglementaire». Le président Babès a toutefois modéré ses propos concernant le développement humain en affirmant que «l'Algérie a comblé un retard exceptionnel durant la période 2007-2008» faisant remarquer au passage que «l'espérance de vie a aussi progressé dépassant parfois certains pays développés tels que la Russie, la Bulgarie, la Roumanie, l'Estonie, la Lettonie ou l'Ukraine». Il s'en prendra aussitôt à certains candidats à l'élection présidentielle qui, durant la campagne électorale, ne cessaient de rappeler que «le pays est riche mais que son peuple est pauvre.» «J'ai méticuleusement suivi cette campagne et j'ai entendu dire par tous les candidats, à une exception près, que le pays est riche mais que son peuple est pauvre. Ceci est inexact au regard de l'intensité de l'occupation de l'espace. L'emploi a progressé. C'est une tendance lourde aujourd'hui par rapport à la tragédie nationale. Cette évolution est annonciatrice de bouleversements majeurs qui vont recalibrer la société en profondeur.»