Pour relancer la lutte contre la faim dans le monde, une rencontre à haut niveau, organisée conjointement par la FAO et l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), s'ouvre aujourd'hui à Paris en présence de responsables et d'experts des deux organisations. “Comment assurer la sécurité alimentaire pour les pauvres dans le monde pendant la crise actuelle et sur le long terme”, tel sera le thème abordé lors de la rencontre à haut niveau organisée conjointement par l'OCDE et l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). On estime que le nombre de personnes mal nourries dans le monde va croître d'environ un milliard cette année contre environ 825 millions de personnes il y a dix ans, alors que la crise économique s'aggrave dans les pays en développement. Aussi, cette rencontre permettra durant deux jours, de débattre autour d'une stratégie d'investissements à long terme pour assurer la sécurité alimentaire des populations pauvres dans le monde et prévenir les risques de famine. Les organisateurs de la rencontre partent du postulat selon lequel la faiblesse des investissements dans l'agriculture au cours des trente années écoulées, la fermeté et la volatilité des prix alimentaires et la poursuite de la crise économique ont considérablement affecté la sécurité alimentaire dans le monde. Ils craignent d'ailleurs une aggravation de la situation cette année du fait de la propagation de la crise économique et financière dans les pays en développement. Les observateurs considèrent aussi que plusieurs contraintes réduisent la capacité de la planète à nourrir tous ses habitants dans le long terme. Ce sont notamment la poursuite de la forte croissance démographique - quelque 80 millions de bouches supplémentaires par an à nourrir -, les défis croissants que pose le changement climatique et la base limitée des ressources naturelles. Lancée il y a une cinquantaine d'années, la Révolution verte a engendré une abondance de nourriture à bon marché pour une population mondiale qui a pratiquement doublé passant à six milliards entre 1960 et 2000. Mais elle a été rendue possible grâce à la fois à des niveaux élevés d'investissements publics et privés et à des politiques propices de la part des pouvoirs publics. Plus récemment, la réduction des investissements a incité certains milieux à faire preuve de scepticisme quant à la possibilité de rééditer le succès des années précédentes d'autant que la population devrait atteindre, selon les projections, plus de 9 milliards en 2050. "L'investissement dans l'agriculture durable est la clé garantissant la sécurité alimentaire des générations actuelles et futures", souligne M. Hafez Ghanem, sous-directeur général de la FAO responsable du Département économique et social. "Toutefois, la part de l'agriculture dans l'aide publique au développement est tombée de 17% en 1980 à seulement 3,8% en 2006. Il est urgent qu'elle retrouve son niveau précédent", ajoute M. Ghanem. L'expérience a démontré qu'en période de crise économique internationale, les investissements chutent et il est donc aisé de prédire une désaffection du capital vis-à-vis du secteur agricole, à moins d'une relance des investissements qui redresserait les taux de croissance à long terme. La réunion FAO-OCDE de Paris permettra notamment de passer en revue les politiques et les incitations agricoles dans les pays développés comme dans les pays en développement. Il y sera aussi question d'améliorer la cohésion en matière de politiques pour une meilleure efficacité des investissements dans l'agriculture et de mesures de libéralisation du commerce visant à encourager les investissements et le développement agricole. Synthèse D.T.