De nombreuses localités vivent périodiquement au rythme des actes de violence révélant des difficultés de coexistence entre les citoyens. Berriane retient toujours l'attention à cause de la reprise des violences entre les populations de cette daïra, mais elle est malheureusement loin d'être la seule localité à connaître ce genre de comportements même si les causes peuvent être différentes. Hormis Ghardaïa, certaines wilayas comme Annaba et Djelfa ont elles aussi, connu leur lot de perturbations, sans oublier de rappeler les échauffourées vécues à proximité du stade de Kouba, Alger, cela fait quelques semaines. A Djelfa, au village Ouled Abid Allah, ce sont également des supporters d'une équipe de Boufarik qui se sont adonnés à des provocations à l'encontre des habitants. Pourtant, la ville n'était concernée en rien par un match de football qui se déroulait la fin de la semaine dernière. Onze personnes ont été victimes de blessures suite à ces affrontements. Une autre partie de football a mis le feu aux poudres suite à une rencontre à Annaba entre un club de la ville et celui d'El Eulma. Des groupes d'individus ne se sont pas contentés d'en venir aux mains puisque même les armes blanches ont été utilisées, ainsi que des gaz lacrymogènes. Les abords des stades de Larbaâ (Blida) et de Constantine ont été le théâtre de telles scènes la semaine dernière. Hormis cette violence visible, il y a d'autres formes d'agressions plus sournoises dont sont victimes certaines catégories de la population comme les femmes. Les témoignages des services de médecine légale sont là pour tirer la sonnette d'alarme sur ce phénomène qui ne cesse de prendre des proportions alarmantes. L'école n'échappe pas à ces écarts de conduite. Tour à tour, ce sont les élèves et les enseignants qui en sont la cible. Par ailleurs, il n'y a pas que les armes et les gourdins qui peuvent blesser, la violence morale fait aussi partie de la panoplie des attitudes qui peuvent porter atteinte à l'intégrité des personnes faisant de certains citoyens des réfugiés dans leur propre famille ou entourage social. La facilité étonnante avec laquelle les individus peuvent se procurer des armes est de plus en plus inquiétante. N'importe qui peut aller dans des magasins pour s'offrir des couteaux qui deviendront plus tard l'arme du crime. Le sentiment d'insécurité se généralise car les citoyens ont peur d'être agressés à chaque instant. A la sortie d'une banque ou dans un marché, il faut toujours être sur ses gardes pour ne pas devenir victime d'un vol s'accompagnant d'agression. La violence est devenue depuis longtemps un moyen d'expression de pans entiers de la population. Rien d'étonnant à cela lorsqu'on sait que durant plus d'une décennie, les jeunes ont eu droit à des scènes de violence. Des générations entières ont été élevées au milieu de l'horreur faisant en sorte qu'il n'y ait plus d'inhibition pour le passage à l'acte. Des face-à-face de groupes de population et des forces de sécurité ont rythmé les scènes quotidiennes du vécu algérien avec leur lot de blessés et de morts à tel point que l'idée selon laquelle seule la force peut garantir la disposition de ses droits, menace de s'installer durablement dans l'esprit des citoyens. Des émeutes ont bien éclaté pour revendiquer une route ou l'approvisionnement en eau potable même si cela ne conduit pas toujours à des débordements. On pourrait voir dans ce déferlement de violence une preuve d'absence de politique libertaire. Il pourrait aussi être interprété comme une preuve de décalage entre un discours prônant la réalisation d'acquis importants pour la société et une déliquescence progressive de cette dernière, qui est de surcroît en perte de repères.