La Cour permanente d'arbitrage de La Haye a commencé hier ses auditions à propos d'un différend entre le gouvernement du Soudan et les ex-rebelles sudistes concernant la région pétrolifère d'Abyei, dont le statut est resté en suspens malgré l'accord de paix de 2005. «Chacun au Soudan a un intérêt personnel dans cet arbitrage», a déclaré devant le tribunal international Riek Machar Teny, vice-président du Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM), l'ex-rébellion du Sud-Soudan, à l'ouverture de ces auditions qui doivent durer six jours. Le différend porte sur la démarcation précise de la région d'Abyei, une commission mixte chargée de la question n'ayant pas réussi à dégager un consensus. Les ex-rebelles et le gouvernement soudanais avaient demandé l'an dernier au tribunal de rendre «un arbitrage final et contraignant» à propos de cette région. L'Accord de paix global (CPA) conclu en 2005 entre Khartoum et le SPLM avait mis un terme à une guerre civile de 21 ans ayant fait plus de 1,5 million de morts. Mais le statut d'Abyei, une région du centre du pays et revendiquée par les deux parties, n'avait pas été définitivement tranché. En mai 2008, de violents combats y ont fait craindre une reprise de la guerre civile. Les deux parties avaient établi le mois suivant une «feuille de route» qui autorisait le retour de dizaines de milliers de personnes déplacées par les violences et la mise en place d'une administration intérimaire, et demandait également un arbitrage international pour régler le conflit. Cette région, située sur la ligne de partage entre le Nord contrôlé par le gouvernement de Khartoum et le Sud semi-autonome, renferme des réserves pétrolières dont la valeur est estimée à un demi-milliard de dollars. Selon l'accord de 2005, le sort de la région doit être fixé par un référendum en 2011. La population doit décider si Abyei restera dans le Nord ou sera intégrée au Sud, et un autre référendum déterminera si le Sud doit proclamer son indépendance. Mais l'administration conjointe prévue pour gérer Abyei jusqu'en 2011 n'a jamais été mise en place. La Cour d'arbitrage devrait rendre ses conclusions dans trois mois.