La Cour permanente d'arbitrage de La Haye a réduit hier la taille de la région pétrolifère soudanaise d'Abyei, convoitée par le gouvernement et l'ex-rébellion sudiste, en modifiant notamment les frontières la délimitant au nord et à l'est. Cette sentence signifie que le gouvernement de Khartoum aura le contrôle direct des régions nordiques, riches en pétrole, qui faisaient jusqu'ici partie de la zone d'Abyei. "Nous avons beaucoup gagné dans cette sentence", a réagi le représentant du gouvernement soudanais, Dirdeiry Mohamed Ahmed. Le territoire qui revient au gouvernement "inclut les champs pétroliers contestés", a-t-il ajouté. Après la lecture de la sentence, un représentant du Sud-Soudan, Riek Macharteny, a assuré que son camp n'était "pas déçu". "Je crois que c'est une décision équilibrée qui va consolider la paix au Soudan", a-t-il dit. "Nous sommes confiants dans le fait que les parties exécuteront la sentence de bonne foi", a déclaré pour sa part le président du tribunal arbitral de la Cour permanente d'arbitrage, Pierre-Marie Dupuy. Le gouvernement de Khartoum et les anciens rebelles sudistes du Mouvement de libération du peuple du Soudan (SPLM) avaient soumis en décembre 2008 à l'arbitrage de la Cour leur différend sur les frontières de la région, où des affrontements avaient fait une centaine de morts en mai 2008. Craignant de nouveaux combats après l'arbitrage de La Haye, les Nations unies avaient déployé des soldats de la paix supplémentaires dans ce secteur à la limite entre le Nord musulman et le Sud majoritairement chrétien ou animiste du Soudan. Des violences pourraient mettre en péril l'Accord de paix global (CPA) qu'ils avaient conclu en 2005 après 20 ans de guerre civile. La sentence du tribunal arbitral est cruciale pour la mise en œuvre du CPA, qui prévoit d'organiser en 2011 deux référendums. L'un demandera à la population d'Abyei si la région doit garder son statut spécial au sein du Nord ou être intégrée au Sud. Le Sud organisera au même moment un référendum distinct sur son indépendance. En mai 2008, la ville d'Abyei avait été rasée lors d'affrontements qui avaient fait une centaine de morts et obligé des dizaines milliers de personnes à fuir. Les cinq juges du tribunal d'arbitrage avaient tenu audience à La Haye du 18 au 23 avril. Réagissant à cette décision, l'ex-rébellion sudiste et le gouvernement de Khartoum ont estimé que la décision de la Cour d'arbitrage de La Haye sur la région pétrolifère soudanaise d'Abyei était contraignante pour les deux parties, l'ONU jugeant le différend réglé. "La décision de la cour permanente d'arbitrage est contraignante pour les deux parties : (l'ex-rébellion sudiste) du Mouvement de libération du peuple du Soudan (SPLM) et le peuple de la région respecteront cette décision", a déclaré le ministre soudanais des Affaires étrangères Deng Alor, qui est également un haut responsable du SPLM. M. Alor, qui est originaire de la région d'Abyei, a déclaré que si la tribu des Ngok Dinka, alliée des sudistes, avait perdu un peu de territoire en conséquence de ce jugement, elle allait "l'accepter". "De manière générale, la décision de la cour est acceptable et nous allons la mettre en œuvre", a poursuivi le ministre. Ce jugement est contraignant à la fois pour le Nord et le Sud, a également estimé un haut responsable du gouvernement de Khartoum. De son côté, le représentant de l'ONU au Soudan Ashraf Qazi a déclaré que le Nord et le Sud étaient d'accord pour estimer que leur différend était désormais réglé. R. I./Agences