La conjoncture actuelle fait que le fléau a atteint des proportions alarmantes. Profitant du climat perturbé et de la tension politique qui sévit dans la région depuis plus d'une année, c'est-à-dire depuis l'événement du printemps noir, certains maraudeurs n'ont point hésité à utiliser tous les moyens possibles et imaginables afin d'arrondir leurs fins de mois. Dans ce contexte, le moindre petit grain de sable est toujours bon à exploiter; si bien que la côte Est de Béjaïa se voit livrée à un véritable phénomène de désensablement, à tel point qu'en certains endroits, la plage n'est plus qu'un souvenir. Opérant parfois en plein jour, ces «marchands de sable» semblent agir en toute impunité, si l'on en juge par le fait que cette «marchandise» est revendue à pas plus de deux kilomètres plus loin à des entrepreneurs privés, et à des particuliers. La conjoncture actuelle que connaît la région a fait que la sonnette d'alarme a déjà été à maintes reprises actionnée, mais hélas sans pouvoir freiner ce fléau qui prend des proportions de plus en plus alarmantes. De braves gens, dérangés dans leur quotidien, n'ont cessé de nous signaler cette «escroquerie». Il faut dire que le désensablement des plages a laissé pantois plus d'un citoyen soucieux de son environnement. De Tichy à Melbou, en passant par Aokas et Souk El Tenine, les mêmes images agressent les yeux: des plages dénudées jusqu'à la désolation! Ici et là, des traces de pneus sont visibles, probablement des empreintes de bennes, tracteurs, camions, grues etc. qui forment une immense carte géographique sur ce qui reste de ces grains dorés, qu'on appelait, un jour, des dunes de sable. Des habitants de la côte iront même jusqu'à nous certifier que depuis longtemps déjà, leurs nuits sont transformées en cauchemar, et le tapage nocturne produit par ces engins, empêche plus d'un honnête citoyen de passer une nuit paisible. «Jusqu'à quand doit-on subir ce calvaire», nous dira notre interlocuteur? «Doit-on nous taire et fermer les yeux? Ce serait un crime que de laisser nos plages dans cet état caricatural, et le jeu ne semble pas vouloir se terminer, puisque tous les jours que Dieu fait, c'est le même refrain qui revient. Le sable est d'ailleurs revendu au su et au vu de tous à des particuliers. Il est grand temps de mettre fin à ces agissements et à ce fléau qui prend des proportions de plus en plus alarmantes.» La saison estivale est déjà là, et nos plages, jadis réputées pour leur beauté, et leur sable doré, ne sont plus qu'un souvenir.