Le corps de la gendarmerie, qui constitue un sujet de tension en Kabylie, se trouve au centre d'une polémique politique et d'une manipulation des différents acteurs de la scène kabyle. La situation dans la région pose un dilemme difficile à gérer. Résultat : il est difficile d'apprécier l'efficacité des éléments présents sur le terrain dans l'accomplissement de leurs tâches constitutionnelles. Du fait que le retrait de cette institution républicaine est carrément inimaginable, des voix s'élèvent ces jours-ci pour poser la question de savoir à qui profiterait le retrait de la gendarmerie de la région et ce, en dépit du droit constitutionnel à travers lequel la gendarmerie symbolise l'Etat. D'autres vont plus loin en se demandant si la revendication du retrait de la gendarmerie ne représente pas un premier pas vers l'autonomie. Sachant que pour les pouvoirs publics, c'est tout l'édifice institutionnel qui se retrouve ébranlé avec le retrait de la gendarmerie de la Kabylie. Dès lors, la concession faite par l'Etat, à travers le désarmement des éléments de la gendarmerie, les mutations et les mesures disciplinaires à l'encontre de ceux qui ont commis des dépassements, pose un problème sur le plan opérationnel de ce corps. Comment doit-il gérer la lutte antiterroriste, le grand banditisme lié à la prostitution, la fraude fiscale, la drogue et toutes sortes de trafics qui accompagnent les émeutes quotidiennes dans la région? En effet, la grande criminalité en Kabylie a atteint des proportions alarmantes poussant la population à remettre en cause la revendication exigeant le retrait de la gendarmerie, même si les dépassements de certains éléments sont encore vivaces dans les mémoires. Quittera, quittera pas? Toute la question est là. Les deux hypothèses ne seront pas sans effets sur la population locale. Avec la situation actuelle, la présence de la gendarmerie demeure symbolique. C'est une question de principe pour l'Etat. Au-delà de cette symbolique, n'y a-t-il pas un prix à payer? Les éléments de la gendarmerie en Kabylie, travaillent-ils à plein régime, étant cantonnés dans leurs casernes? Par ailleurs, la seconde hypothèse relative à l'éventuel retrait de la gendarmerie entraînerait un autre débat. Selon les informations recueillies à travers la Kabylie, autant ce retrait symbolise une volonté politique chez certains, qui utilisent les bavures de quelques éléments parmi les gendarmes, autant il arrange certains cercles mafieux qui, à la recherche désespérée de l'impunité, sont depuis des années dans le collimateur des enquêtes économiques. C'est d'ailleurs ces mêmes cercles qui, gérant à leur manière le climat de tension, continuent à s'adonner à toutes sortes de commerce informel.